Dans une tribune, parue dans “Monde Afrique” du samedi 23 mai 2020, sous un titre, qui n’est pas totalement faux, intitulé : “Au Sénégal, Macky Sall veut s’éviter une islamisation des contestations à venir “, Dr Bakary Samb, Directeur du Timbuktu institute et professeur à l’Ugb de Saint-Louis, a développé une réflexion sur la gouvernance du religieux au Sénégal notamment à l’ère du Covid-19.
Nous avons bien affirmé que l’intitulé de la réflexion du Dr Samb n’est pas totalement faux, en ce sens que le président Macky Sall. en bon président, cherche à “s’éviter toutes contestations y compris, celles dites religieuses”; Cependant, cette volonté d’éviter les contestations, n’a jamais conduit le Président Macky Sall “dans une logique de collaboration avec ces “mouvances” réformistes, pour leur contrôle ou comme contrepoids aux forces confrériques”, comme le prétend Dr Samb.
En effet, si le pouvoir colonial avait souvent recours à la politique de la “balance” ou de “la confrontation interreligieuse”, pour tenir en respect, les différentes chapelles qui se réclamaient de l’islam, il faut admettre que le paradigme était appelé à changer de forme et de fond, dès l’instauration de la république indépendante du Sénégal.
Les exigences de citoyenneté ont amené les différents gouvernants, de Senghor à Macky Sall, à adopter une nouvelle forme de gouvernance du religieux, à la fois participative et inclusive.
La réhabilitation des foyers religieux, la définition d’un nouveau statut plus valorisant pour les Daaras, l’instauration d’un baccalauréat arabe, l’érection du Commissariat au pèlerinage en Délégation générale, sont autant d’actes forts, qui montrent que le président Macky Sall est animé par une volonté inébranlable d’accompagner les religieux dans la gestion autonome de leurs communautés.
C’est ainsi que, depuis l’apparition du premier cas du Coronavirus à nos jours, le président Sall ne s’est jamais départi de la logique de concertation, d’écoute et de collaboration avec tous les acteurs religieux, musulmans comme chrétiens ; confrériques, salafistes chiites, catholiques ou protestants. Dans cet élan de sursaut national et de solidarité, il va sans dire que les confréries religieuses et l’église catholique constituent, le socle de base, d’un échange permanent et fécond, qui a permis au Sénégal de s’ériger, dans la sous-région et dans le monde, en modèle achevé de stabilité sociale.
En pleine expansion de la pandémie du Coronavirus, le chef de l’État a décidé, courant mars 2020, de concert avec les guides religieux, de la fermeture provisoire des lieux de culte à l’instar des écoles, universités et grandes surfaces. Faisant preuve d’un leadership éclairé, le président Sall se concerte avec les guides religieux, écoute la rue et annonce le 11 mai 2020, des mesures phares, allant dans le sens de l’assouplissement des restrictions, liées à la gestion du Covid-19.
Cette série de mesures, jugées globalement, très populaires, ont permis à ceux qui le pouvaient, de procéder à la réouverture des lieux de culte, tandis que d’autres, qui ne se sentaient pas encore prêts, ont préféré prolonger la fermeture, en attendant de meilleures opportunités.
Ces deux postures, si opposées qu’elles apparaissent à première vue, n’en constituent pas moins le recto et le verso d’une même pièce. Elles sont toutes deux, conformes aux mesures d’assouplissement, édictées par le chef de l’État, lors de son discours du 11 mai 2020.
En prenant de telles décisions, après deux mois de fermeture des lieux publics de rassemblement, le président Macky Sall n’a cédé à aucune pression, mais a plutôt inscrit sa démarche, dans une logique de changement de tactique, face à un ennemi invisible, qu’on apprend à mieux connaître.
Cependant, la vigilance et l’observance stricte des gestes-barrières dans de grandes mosquées, comme celles de Touba et Massâlikoul Djinane à Dakar, prouvent, s’il en était encore besoin, que les religieux du Sénégal, sont en phase avec le chef de l’État notamment dans tout le processus de lutte contre le Covid-19.
Le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, n’a-t-il pas été le premier à mettre 200 millions de francs CFA sur la table, pour soutenir et accompagner les efforts de l’État contre l’ennemi commun, qu’est le Coronavirus ? Pour sa part, le Khalife général des Tidiane, Serigne Mbaye Sy Mansour avait pris les 15 et 21 mars dernier, la décision historique d’annuler la Ziarra annuelle de Tivaouane et de fermer jusqu’à nouvel ordre, mausolées, mosquées et Daaras dépendant de la Hadhra tidianya.
De Médina Baye et Néona Nissène à Kaolack, jusqu’à Médina Gounass, en passant par Ndiassane, Yoff Layène, Thiénéba et la Hadhra omarienne, tous les grands foyers de l’islam confrérique, ont adhéré à la sage décision présidentielle, qui n’avait d’autres visées, que de protéger le Sénégal, contre la propagation d’un virus, qui a fait des ravages dans des contrées plus nanties, comme la Chine, les États-unis et nombre de pays européens.
La récente décision du président Macky Sall, de faire la prière de Korité à la maison, est indiscutablement conforme à sa posture de président d’une république, respectueuse de la liberté de culte, mais soucieuse de la préservation de la santé publique. Nul doute que dans l’islam, la prière collective d’Aïdel-fitr (Korité) est une pratique facultative, non contraignante, surtout en période de pandémie.
S’il est vrai, Dr Samb, que la gouvernance religieuse n’est pas chose aisée dans une république laïque, il n’en demeure pas moins, qu’en la matière, le modèle de cohabitation à la sénégalaise, reste une référence, souvent citée en exemple, partout à travers le monde.
Que les pêcheurs en eau trouble changent de lieu, au Sénégal, les eaux restent calmes, même en haute mer !