Le décès de l’ancien ministre des Finances, Moustapha Ba, a plongé le pays dans la tristesse. Homme de rigueur et de probité, Moustapha Ba était respecté de ses pairs et reconnu pour sa loyauté envers la nation. Pourtant, même dans la mort, son nom continue d’être au centre de manœuvres politiques troubles. Alors que sa dépouille repose à peine, le Premier ministre Ousmane Sonko, par le biais du ministère de la Justice et sous couvert du procureur, a ordonné une seconde autopsie sur son corps. Une décision lourde de sens et qui soulève de nombreuses questions quant aux réelles intentions derrière cette procédure.

Cette deuxième autopsie n’a fait que nourrir un climat de suspicion autour des circonstances de sa mort. Moustapha Ba, pourtant décédé en France, avait déjà subi une autopsie là-bas avant la délivrance du certificat de décès. Pourquoi donc un besoin pressant de réaliser une nouvelle autopsie au Sénégal ? Il semble que cette démarche n’ait d’autre but que de semer le doute dans l’esprit du public et de manipuler l’opinion, en insistant sur des hypothèses comme le suicide ou l’assassinat par d’anciens responsables politiques, sous prétexte d’empêcher Moustapha Ba de « parler ».

Il est regrettable de constater que le Premier ministre Sonko n’a pas hésité, de son vivant, à accabler Moustapha Ba de graves accusations, le qualifiant de menteur et de voleur. Ces attaques incessantes n’ont fait qu’aggraver l’état de santé du ministre, déjà fragile. À présent, même après son décès, le pouvoir semble déterminé à continuer de salir sa mémoire. En insinuant une possible implication de l’ancien régime dans sa mort, Ousmane Sonko cherche à détourner l’attention des accusations qu’il avait lui-même portées contre Moustapha Ba, le poussant à devenir une victime indirecte de cette vindicte politique.

Au lieu de respecter le deuil et la douleur de sa famille, profondément affectée par cette perte tragique et par l’acharnement du régime en place, les autorités actuelles exploitent sans vergogne la disparition de Moustapha Ba pour servir leurs intérêts. C’est une double peine infligée à ses proches, qui voient le défunt pris en otage dans une bataille politique qui aurait dû s’arrêter à la frontière de la vie et de la mort.

Que l’on se souvienne que la dignité est un droit qui ne devrait pas être piétiné, même après le dernier souffle. En cherchant à manipuler l’opinion sur les causes de son décès, le pouvoir en place démontre un mépris flagrant pour la famille de Moustapha Ba et pour l’éthique même de la fonction qu’il occupe.

Un appel au respect et à la retenue

À ceux qui, de près ou de loin, cherchent à instrumentaliser la mort de Moustapha Ba pour justifier leurs ambitions ou masquer leur propre responsabilité dans sa souffrance, il est essentiel de rappeler que l’éthique politique ne se bâtit pas sur le dos des morts. Les Sénégalais, qui ont vu en lui un modèle d’intégrité, méritent mieux qu’un spectacle aussi indécent.

Ne tuons pas Moustapha Ba une deuxième fois. Laissons-le se reposer en paix, respectons le deuil de sa famille, et que chacun se garde de manipuler sa mémoire.