Le président sénégalais a prononcé un discours assez fort, vendredi, à New York, en marge de la 76ème assemblée générale des Nations Unies, ouverte mardi dernier. Le chef de l’Etat sénégalais a fait un véritable plaidoyer en faveur de l’Afrique pour soutenir la relance économique du continent après les contrecoups de la Covid-19. Il a également appelé à une distribution plus équitable des vaccins à travers le monde et appelé les pays développés à soutenir les efforts des pays africains dans la lutte contre le terrorisme.

Selon le président Macky Sall, l’Afrique a besoin d’un financement additionnel d’au moins 250 milliards de dollars d’ici à 2025 pour face au choc provoqué par la pandémie de laCovid-19, afin de pouvoir relancer son économie.

« Au regard de l’impact profond de la crise, l’Afrique a besoin d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars d’ici à 2025 pour contenir le choc et amorcer sa relance économique », a, en effet, indiqué le président sénégalais à la tribune des Nations-Unies, à New-York.

Il a appelé à œuvrer ensemble pour réaliser le deuxième objectif de Paris portant l’allocation aux pays africains de 67 milliards de dollars suivant des modalités à convenir. Il a souligné que cet argent est mobilisable sur les quotas de DTS des pays riches qui y consentent, pour atteindre le seuil des 100 milliards convenus.

« C’est ainsi que nous pourrons asseoir les prémices d’un New Deal avec l’Afrique, par une gouvernance économique et financière mondiale réformée, plus juste et plus inclusive. Ce New Deal est possible, si nous faisons en sorte que les paradigmes relationnels avec le continent reposent plus sur le partenariat que sur l’aide publique au développement », a-t-il dit.

Soulignant que l’aide au développement ne suffit pas àsatisfaire les besoins de l’Afrique, Macky Sall a précisé que l’appui devait se faire sous forme de prêts destinés à financer les secteurs clés comme les infrastructures, l’énergie, l’agriculture, l’industrie, l’eau et l’assainissement ; la santé, l’éducation et la formation.

Il a invité les pays et Institutions partenaires à travailler avec les africains à l’assouplissement des règles de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), pour libérer le potentiel de l’investissement en Afrique.

Contre l’arrêt des financements de la filière gazière

Macky Sall, s’est également prononcé contre l’arrêt des financements de la filière gazière, qui serait, selon lui, une « grave atteinte » aux efforts de transition énergétique.

« Nos pays ne peuvent réussir la transition énergétique et renoncer aux schémas pollueurs des pays industrialisés, sans une alternative viable, juste et équitable. L’exploitation du gaz naturel comme énergie de transition doit être soutenue », a-t-il, en effet, indiqué.

« Le Sénégal considère que l’arrêt des financements de la filière gazière, sous prétexte que le gaz est une énergie fossile, sans tenir compte du fait qu’il est aussi et surtout une énergie propre, serait une grave atteinte à nos efforts de transition énergétique, d’accès universel à l’électricité, de compétitivité et de développement économique et social », a-t-il ajouté.

« Nos pays qui subissent déjà le poids écrasant de l’échange inégal ne sauraient porter le fardeau d’une transition énergétique inéquitable », a-t-il encore dénoncé.

Il a rappelé qu’au titre de sa Contribution déterminée nationale (CDN), le Sénégal poursuit ses efforts de transition énergétique, portant les énergies renouvelables à plus de 30% de ses capacités électriques installées.

« Ce taux sera renforcé avec le projet en cours d’électrification solaire de 1000 villages, en partenariat avec le Fonds Vert Climat et la Banque ouest africaine de développement. A terme, grâce à la stratégie gaz-to-power, nous visons un objectif de 100% d’énergies propres avec l’exploitation prochaine de nos ressources gazières », a expliqué Macky Sall.

« Le chacun pour soi ne nous sortira pas de la pandémie »

Concernant l’accès aux vaccins anti-Covid, le président sénégalais a regretté, l’élargissement de la fracture vaccinale entre les pays du Nord et du Sud.

« En dépit des efforts appréciables, la fracture entre pays vaccinés, au Nord, et non vaccinés, au Sud, ne cesse de s’élargir. Ce qui ne fera que retarder l’éradication de la pandémie et le retour à une vie normale pour tous. Le chacun pour soi ne nous sortira pas de la pandémie », a-t-il martelé.

« Seule une réponse planétaire, facilitant l’accès de tous aux vaccins, viendra à bout de cette maladie planétaire », a-t-il poursuivi, non sans saluer l’élan généreux et solidaire déployé dans le cadre de l’initiative Covax, tout en remerciant les pays et institutions partenaires soutenant le projet de production à l’Institut Pasteur de Dakar, de vaccins anti-Covid.

L’Afrique ne doit pas être le sanctuaire du terrorisme

Abordant la question du terrorisme, Macky Sall, a appelé à un renforcement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) de façon à permettre de lutter plus efficacement contre les groupes terroristes.

« En tant que contributeur de troupes à la MINUSMA, avec 1350 éléments, le Sénégal reste solidaire des pays durement éprouvés. Nous continuons de plaider pour que la MINUSMA soit dotée d’un mandat robuste pour lutter efficacement contre les groupes terroristes », a-t-il dit.

Toutefois, à défaut d’un mandat robuste pour la MINUSMA,Macky Sall a jugé essentiel de renforcer l’appui aux pays membres du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme. « Où qu’il puisse s’établir, le terrorisme reste une menace globale, et le système de sécurité collective des Nations Unies doit le combattre. Nous ne devons pas accepter que l’Afrique devienne le sanctuaire du terrorisme international », a déploréle chef de l’Etat sénégalais.