Le Sénégal traverse une crise qui n’épargne aucun secteur d’activité du pays. Cependant, la situation au sein de la police est assez inquiétante. De hauts gradés de l’institution sécuritaire ne digèrent pas la nomination d’un général de la gendarmerie à la retraite pour diriger le ministère de l’intérieur. Alors qu’il y a assez de jeunes cadres policiers compétents capables de remplir cette fonction.
Ce débat a été discrètement posé par des policiers au début de la nomination du général Jean Baptiste Tine. D’ailleurs, une réunion secrète a été tenue à cet effet par des policiers chez un ancien Directeur général de la police sis aux HLM à côté de l’ancien arrêt “Gouy Gui”.
En vérité, la nomination de Jean Baptiste Tine a réveillé de vieux conflits entre ce Général et la hiérarchie policière, nés de la gestion des émeutes de Mars 2021. Des problèmes ont été remarqués lors de ces manifestations dans la gestion des hommes au front, la mise à disposition du matériel anti émeutes et la transmission des renseignements à temps réel sur le terrain. Le découpage des zones impactées par les émeutes n’aurait pas été bien fait par la gendarmerie selon certaines sources policières. Toutefois, au cours des réunions de gestion de crise le général Jean Baptiste Tine alors Haut commandant de la gendarmerie porterait des accusations contre la police. Aujourd’hui, sa nomination pour diriger les policiers est une pilule difficile à avaler pour la police.
Des humiliations qui attisent les tensions
Ensuite, depuis l’arrivée du pouvoir en place, des policiers ont subi des humiliations lors de l’exercice de leurs fonctions. Certains d’entre eux ont vu leur image partagée dans le net avec des accusations gravissimes, par des partisans de Pastef sans qu’aucune enquête ne soit ordonnée pour mettre la main sur les auteurs de ces actes délictuels. Presque chaque jour, des partisans du Premier ministre Ousmane Sonko accusent des policiers de faits graves sous Macky Sall avec des photos et des vidéos souvent fausses portant atteinte à l’honneur de certains fonctionnaires de la police. Jean Baptiste Tine observe sans agir contre ces dérives qui touchent ses propres hommes. C’est ce qui pousse les policiers à dire dans le secret de leur bureau que le “Mint ne défend pas la police”.
Plus grave encore, le Général TINE ministre de l’intérieur attribue des marchés à ses amis anciens gendarmes et leurs épouses, au détriment de la Police. Le Général TINE est considéré comme un corps étranger dans le cercle des policiers qui n’en veulent plus.
D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, l’administration policière est devenue une maison en verre. Tout se sait. Par exemple, alors qu’il était encore en position de garde à vue, le Pv de Cheikh Yerim SECK a été fuite dans la presse. Cette fuite est l’œuvre d’hommes sous la responsabilité du Général Tine. C’est aussi une forme de contestation contre l’autorité de “ce gendarme Tine qui ignore les préoccupations des policiers qu’il dirige”.
Des actes de protestation très visibles
Lors de l’audition de Bougane Gueye DANI, les policiers enquêteurs ont refusé de charger le leader de Geum Sa Bop. Bougane Gueye a été traité avec respect et égard par les policiers qui n’ont pas caché au cours de l’interrogatoire leur opposition à la méthode qu’utilise le pouvoir pour nuire les opposants. C’est pourquoi rien de grave n’a été introduit sur le PV de Bougane Gueye très apprécié par les policiers.
Aussi bien pour Yerim SECK que pour Bougane Gueye, les enquêteurs ont joué le jeu, sans aller dans le sens voulu par Ousmane Sonko et ses serviteurs. Il faut faire remarquer que le Général TINE cherche à faire jouer à la police toutes les sales missions contre les opposants du régime et contre les anciens dignitaires. Cherche-t-il à couvrir la gendarmerie pour ne pas salir sa réputation ?
Des services dépassés par les événements
Par ailleurs, depuis l’arrivée de Jean Baptiste Tine, il a été remarqué un relâchement des services de renseignements. Le gouvernement peine à anticiper sur les événements, parce que les autorités sont souvent surprises, du fait des officiers traitants (agents de renseignements), qui ne remontent plus les informations à la hiérarchie en temps réel.
Le premier exemple a été l’affaire de Medina Gounass où le Khalif général a échappé à un assassinat, suivi de l’immobilisme des Services de la police face à la montée de la migration clandestine dans les localités côtières sénégalaises. Les manifestations des marchands ambulants et des conducteurs de Jakarta avaient également échappé aux autorités sous informées. Voilà pourquoi, Ousmane Sonko avait déclaré qu’il n’était pas informé des manifestations des jeunes, lors de son discours devant les marchands ambulants de Colobane. Même dans la gestion des inondations, les officiers traitants n’ont pas remonté les vraies informations surtout à Dakar et dans la banlieue dakaroise où les populations sont abandonnées et oubliées.
Ce n’est pas tout. Car, le renseignement économique est au niveau des marchés, du Port de Dakar et à la Douane n’est pas remonté à temps par les services compétents démotivés à cause du choix des hommes et des mesures impopulaires prises par les autorités et qui concernent leur carrière professionnelle.
Si la situation qui prévaut au sein de la police sénégalaise n’est pas résolue, il faudra craindre le pire d’ici les élections législatives et même au-delà, surtout face à la situation sécuritaire au niveau du sud du Mali. Cette mutinerie encore silencieuse au sein de la police est une menace pour la sécurité et la stabilité nationale.