En ce qui concerne l’opposition sénégalaise, il faut prendre la boutade de Staline à la lettre : « le Pape combien de divisions ? »
C’est dire que les divisions irréductibles qui minent les opposants sénégalais sont si profondes, qu’elles empêchent toute possibilité de mise sur pied d’une coalition crédible globale.
La « grande coalition » annoncée, a non seulement explosée en vol, pire, elle a provoqué des ondes de choc qui continuent de creuser, comme des tranchées dans une bataille verbale toxique généralisée.
L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye -qui a été zappé par Sonko et Khalifa Sall- est déchaîné contre ceux qui s’adonnent à un « jeu de dupes » et qui refusent la « transparence ».
Pourtant, dans son cas, la manœuvre de ses « nouveaux ennemis politiques » est parfaitement compréhensible : la présence de Mbaye, ancien Premier ministre et chef de parti sans troupes, allait poser un problème de positionnement au niveau du « présidium ».
Il aurait été placé en première ligne, sans rime ni raison.
Alors, il a été décidé de le zapper, et d’oublier « lâchement » de l’informer.
L’explication fournie est une insulte : on lui a envoyé un mail qui n’« est pas arrivé » ???
Lui a bien compris qu’il a été diplomatiquement oublié, parce qu’il n’apporte rien, en termes de « divisions de militants », la seule chose qui compte au moment de l’appel des urnes.
Abdoul Mbaye est un frustré doublé d’un rancunier qui pollue les regroupements auxquels il participe ; mieux vaut s’en méfier.
Exit donc !
Il peut décocher ses propos venimeux qui n’ont aucun effet sur l’opinion qui ne s’intéresse pas à lui.
Mais, pour BBY, (la vraie coalition présidentielle qui totalise plus de 130 députés sur 165), c’est l’occasion de se délecter de cette bagarre généralisée des opposants, qui étalent au grand jour, leurs faiblesses qui ont noms : manque de programme alternatif, manque de cohérence, guerre des ego, volonté farouche d’attirer la lumière des médias, et rien d’autre.
D’ailleurs cette maladie congénitale explique pourquoi le nombre de partis politiques, 299 (décompte de 2018), continue d’augmenter.
Tout le monde veut avoir son parti et se faire appeler « président », même si le nombre de militants coïncide avec celui des membres de la cellule familiale.
Peu importe, on fait commerce avec, pour gonfler, par exemple, les coalitions, châteaux de sable d’hivernage, qui disparaissent avec les premières pluies électorales.
Si la loi était appliquée l’inflation démocratique serait jugulée et nombre de partis « cabines téléphoniques » seraient dissouts. Purement et simplement !
Aujourd’hui, l’implosion de la « grande coalition » annoncée, devrait être l’occasion de poser ce débat pour assainir le champ démocratique où les mauvaises herbes politiciennes prospèrent comme le typha, cette plante nuisible.
En attendant, il faut plaindre les opposants qui sont tombés dans leur propre piège.
Ils savent bien que réunir les opposants sénégalais, dans une « coalition unique » est mission impossible.
Les intérêts ne sont pas les mêmes, les objectifs sont diamétralement opposés, sans oublier les rancunes tenaces .
Certains nouveaux opposants étaient au pouvoir et n’avaient pas laissé une bonne image. Ils avaient même heurté certaines sensibilités qui sont toujours dans l’opposition.
Tel peut être le cas de Abdoul Mbaye, qui avait tout approuvé et qui aujourd’hui, critique tout.
Il n’a aucune crédibilité et s’il a été zappé ; c’est pour lui rappeler ce passé qui ne passe pas.
Les exclus de la coalition maintenant dénommée « Yewwi Askanwi » (« libérer le peuple ») (un plagiat d’un mouvement féministe des années 80 : « Yewwu Yewwi », (se réveiller et libérer)), peuvent se regrouper et créer une énième coalition.
Ainsi, à l’inflation des partis va s’ajouter l’inflation des coalitions.
Cela n’aura aucun impact sur la non représentativité des opposants qui sont conscients de n’avoir aucune chance face au rouleau compresseur BBY, lors des élections locales prévues le 23 janvier2022.
C’est la raison pour laquelle, personne ne comprend pourquoi les opposants se sont empressés de se diviser pour des élections perdues d’avance ?
Un manque de vision et de stratégie politiques.
Mais quand l’ego mène la danse, l’échec est toujours programmé.