Décidément, tous les actes que pose le nouveau régime sénégalais semblent susciter polémiques et controverses.
C’est le cas des « indemnisations » décidées par le gouvernement en faveur des « familles des victimes » des violences politiques qui ont ensanglanté le pays de 2021 à 2024.
Le barème fixé : 10 millions de FCFA pour chaque famille dont un membre a succombé (79 personnes recensées par l’ANSD : Agence nationale de la statistique et de la démographie) et 500 000 F pour chaque blessé.
Le problème est que cette décision est le fait du prince dans un État démocratique.
Pourquoi se précipiter au lieu d’attendre que la justice délibère et tranche ?
Les opposants ruent dans les brancards et dénoncent des indemnisations sélectives qui masquent une volonté de « remercier » des militants de Pastef qui ont « mouillé le maillot » et laissé des plumes dans les actions subversives qui ont ensanglanté le pays de la Téranga.
Quid des forces de l’ordre qui ont sauvé le Sénégal et ont subi la furie des émeutiers ?
Un gendarme a perdu un bras et d’autres ont souffert de blessures graves.
Peut-on oublier tous ceux qui ont été victimes des vandales qui ont pillé et saccagé leurs commerces ?
Les supermarchés Auchan et les stations Total, notamment, les commerçants des zones périphériques, des banlieues et les citoyens qui ont été ciblés par les émeutiers, qui ont brûlé leurs maisons, des voitures et d’autres objets de valeur, ne méritent-ils pas d’être indemnisés ?
Les travailleurs réduits au chômage, voire à la perte définitive de leur emploi ?
À l’évidence, l’objectivité du recensement des victimes pose problème.
Ne fallait-il pas attendre une action judiciaire en bonne et due forme qui aboutirait à des indemnisations généralisées, justes et acceptées par tous les citoyens ?
Ce serait la meilleure option pour réconcilier tous les Sénégalais et exorciser cet épisode douloureux de la vie nationale.
Ce que le nouveau gouvernement a choisi de faire est parfaitement critiquable.
Il ressemble à un choix étriqué pour calmer des ex-camarades du « gatsa-gatsa » (dent pour dent, préconisé par Ousmane Sonko) qui commençaient à s’impatienter concernant leur retour sur investissement, qui tardait alors que l’anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Pastef approche à grands pas.
Il y a comme une attente de partage du gâteau qui coince, avec les difficultés financières de l’État.
Il y a bien urgence pour bloquer un vent de révolte qui commence à se lever, avec les critiques internes qui n’ont pas épargné le leader Sonko.
Il y a aussi et surtout les difficultés financières qui saisissent à la gorge les « goor-gorlou », qui ne savent plus où donner de la tête pour faire face aux dépenses quotidiennes.
Alors que le Ramadan pointe le bout de son nez et que le premier gouvernement de la troisième alternance va fêter son anniversaire, dans un climat économique lourd avec les restrictions annoncées par Sonko en ce qui concerne les missions à l’étranger des membres du gouvernement.
Le président Diomaye a même décrété une « pause » dans les « journées set-settal » qui ne rimaient à rien, car cette vieille trouvaille « est une propriété intellectuelle » du premier régime sénégalais.
C’était du folklore et beaucoup de bruit pour rien.
En temps de disette, mieux vaut faire toutes les économies possibles, n’est-ce pas ?
Les déplacements de l’avion présidentiel pourraient être réduits aussi.
Mais, pour en revenir aux indemnisations, que devient le projet d’abroger la loi d’amnistie qui a permis à Sonko et Diomaye de sortir du Cap Manuel ?