Dakar entend durcir les conditions d’entrée au Sénégal.

Le Sénégal reviendrait-il sur sa décision de supprimer les visas d’entrée sur son territoire ? Pour le moment c’est une sorte de cacophonie qui est notée entre ministères du tourisme et de l’intérieur. Le premier dément, le second confirme « l’existence d’un projet avancé » ?

La raison invoquée serait l’impératif de contrôler l’identité des personnes entrant sur le territoire « pour des raisons de sécurité ». L’argument est-il solide ? Non !

Parce qu’on peut bien contrôler l’identité des « entrants » à leur arrivée à l’aéroport et des voyageurs, en amont, dès l’achat des billets. Il y a l’exemple américain des « visas waiver », pays dont les ressortissants sont dispensés de visa, mais qui sont soumis à l’obligation de notifier aux services compétents américains de leur désir de se rendre dans le pays et qui reçoivent une réponse positive ou négative. Par Internet !

C’est efficace et peu coûteux, sur le plan administratif. Une autre possibilité est offerte par l’examen, en amont des billets d’avion, dès les réservations, pour s’informer sur les « touristes en puissance ».

À l’évidence la réinstauration du visa d’entrée n’est pas indispensable, s’il s’agit, simplement de contrôle et de prévention subséquente d’actes de violence, pour ne pas dire terroristes.

Toutefois, le ministère de l’intérieur pourrait avoir d’autres raisons liées à des informations exclusives. Même, dans ce cas, la pertinence du visa reste à démontrer.

Le Sénégal a expérimenté le visa d’entrée et a fini par le supprimer. Il y a des raisons pour cela : la volonté d’accueillir davantage de touristes, d’éviter de bloquer d’abord et avant tout les ressortissants sénégalais, nombreux qui vivent partout dans le monde et qui ont des nationalités multiples, avec des familles arc-en-ciel, la nécessité de mettre en place une bureaucratie consulaire coûteuse, etc.

L’élément le plus important est l’ouverture aux touristes d’un pays de liberté, de démocratie où règne la sécurité et la stabilité. Certains voisins qui ont le système des visas ont subi des attaques dévastatrices. Pas le Sénégal ! Pourquoi serait-il, subitement vulnérable ?

Que le pays soit sans visa est un motif de fierté. Le Sénégal tire d’énormes ressources du tourisme qui est l’une des mamelles de son économie. Avec des efforts conséquents sur le plan des infrastructures hôtelières, de la formation du personnel, de l’amélioration du cadre des réceptifs, le pays pourrait attirer des centaines de milliers de touristes en plus.

Le visa est certes signe de souveraineté, mais il peut aussi symboliser la faiblesse, le recroquevillement et susciter les trafics en tous genres. Un État doit assurer la sécurité de son espace et prévenir toutes les menaces potentielles.

La liberté démocratique et la culture citoyenne y aident beaucoup plus que le filtre des visas qui alimente la clandestinité ou l’abstention de voyager de la part de touristes que rebuteraient les difficultés administratives. Il faut aussi savoir que de nombreux français n’ont, même pas de passeport. Il coûte cher, environ 80 euros (50000 FCFA).

C’est pourquoi le Sénégal acceptait, auparavant, la venue de groupes, avec les tours operator, avec des cartes d’identité. Globalement tout se passait très bien !
Alors comment trancher le débat ? En faisant preuve de lucidité.

Le Sénégal a besoin de touristes, d’une économie touristique dynamique et créatrice d’emplois par milliers. La réciprocité pour la réciprocité peut flatter l’égo, mais ne rapporte pas grand chose, en fin de compte. Si tel n’était pas le cas, alors pourquoi avoir arrêter l’expérience ?