Le plus que nonagénaire Abdoulaye Wade a piétiné une règle non-écrite au Sénégal en s’impliquant personnellement dans des élections après avoir quitté le pouvoir. Aucun de ses prédécesseur ne l’a jamais fait. Il est donc arrivé hier à Dakar pour mener campagne pour les législatives en tant que tête de liste d’une coalition qui masque l’éclatement de son parti en mille morceaux.

Malgré la foule de badauds qui a suivi son cortège il a constaté que les sénégalais lui ont tourné le dos. Comme ses ex-partisans qui ont présenté des listes indépendantes à l’instar de Modou Diagne Fada, Ousmane Ngom, Aida Mbodj, Malick Ndiaye, Farba Senghor etc… Son slogan de campagne : « éradiquer la pauvreté » prouve que l’homme n’a plus d’inspiration. En effet quel est le pays qui a éradiqué la pauvreté ? Aucun ! Et si c’était possible pourquoi ne l’a-t-il pas fait pendant ses 12 ans de présidence ?

Wade ne sait pas quoi dire aux Sénégalais qui l’avaient brutalement congédié en 2012 en votant Macky Sall à plus de 65% au deuxième tour. C’est cette défaite que Wade n’arrive toujours pas à digérer. Il veut que son fils Karim venge l’affront. Le problème est que ce dernier n’en a pas les moyens, ni politique ni autre. Il ne peut même pas être candidat du fait de son casier judiciaire. Une condamnation à 6 mois ferme…ferme et les portes de la candidature et même celles de pouvoir voter. Wade qui n’ignore pas cela cherche donc une immunité parlementaire à son fils.

Mais l’unité dont il rêvait autour de sa personne est mort-née. Ni son ex-premier ministre Idrissa Seck ni le maire de Dakar Khalifa Sall n’ont accepté de se ranger derrière lui, un homme du passé et du passif. Un réactionnaire qui a voulu instituer la monarchie avec le poste de vice-président et le quart bloquant. Les citoyens n’ont pas la mémoire courte. C’est ce qui explique leur défiance vis à vis de Wade. En vérité, ils ont tourné la page mais Wade l’ignore. Il va se réveiller douloureusement le lendemain du scrutin. Il faut se réjouir finalement de sa participation qui va lui dessiller les yeux.

Parce qu’il n’a pas encore compris même si les Sénégalais ont posé des actes clairs : qui s’est soulevé pour faire libérer Karim Wade ? Personne ! Qui a participé à des émeutes pour exiger son retour au Sénégal ? Personne ! S’il était aussi populaire et/ou attendu comme le messie en serait-il ainsi ?

Wade aime trop son fils et c’est normal. Mais les Sénégalais ont jugé pendant 12 ans le « ministre du ciel et la terre » et l’ont définitivement condamné dans leur conscience.

Wade va l’apprendre à ses dépens. 12 ans après le Sénégal fait cap vers l’émergence non un retour vers le passé d’un pouvoir familial tyrannique et malsain.