Il y a des signes qui ne trompent pas : les violences constatées vendredi à Grand-Yoff, dans la banlieue de Dakar témoignent de la panique qui se répand dans les rangs de l’opposition. En effet la mobilisation des jeunes de BBY avec l’entrée en lice de la superstar Youssou Ndour a fait sentir le vent du boulet aux partisans de Khalifa Sall déjà déstabilisés par l’engagement du plus que nonagénaire Wade.

L’opposition est tellement divisée à Dakar qu’elle pourrait faciliter la tâche à BBY qui n’a besoin que d’une majorité simple, aussi étriquée soit-elle, pour rafler la mise dans le département, à savoir 7 députés. Si la bataille de Dakar intra-muros peut pencher en faveur des fidèles du maire de Dakar ; les parcelles assainies constituent l’enjeu des enjeux du fait de sa densité de populations et le ministre de l’Economie et des Finances Amadou Bâ, tête de liste de BBY a de grandes chances de s’y imposer.

Le renfort de Youssou Ndour est aussi un atout pour BBY qui peut compter sur Abdoulaye Diouf Sarr qui a toujours gagné dans son fief de Yoff. On le voit la victoire annoncée des partisans de Khalifa Sall est loin d’être garantie. Elle est même incertaine et c’est pour quoi le désespoir fait basculer les opposants dans la violence. Ils se rappellent leur cuisante défaite lors du référendum, la dernière consultation électorale sur l’ensemble du territoire national.

L’empathie supposée des populations pour le maire de Dakar en prison n’est peut-être pas généralisée car les accusations de détournements de deniers publics sont graves et étayées. Et la défense de Khalifa Sall assez légère : « tout le monde le faisait ». Le problème est de savoir si c’était légal ou pas. S’il y a eu détournement ou pas.

En ce qui concerne la violence contagieuse qui s’est manifestée à Grand-Dakar(une autre banlieue de Dakar) et à Grand-Yoff, elle est un cancer qu’il faut extirper sans tarder du jeu électoral.

La panique n’est pas bonne conseillère. Les opposants divisés, incapables de s’entendre ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ils avaient annoncé une unité de façade qui n’a pas résisté au choc des egos et des ambitions. Aujourd’hui les opposants s’invectivent et se donnent en spectacle. Les citoyens sont dépités et se rendent compte qu’ils ne sont intéressés que par leur propre sort.

Sur l’ensemble du territoire national sénégalais, l’opposition est sans illusion. Elle ne fait du bruit qu’à Dakar, Thies et Touba-Mbacké. Soit trois départements sur les quarante cinq que comptent le pays. Elle sait donc que la victoire est un pont trop loin pour elle. Le danger c’est la multiplication des provocations et les dérapages qui peuvent en découler. Les responsables de BBY doivent éviter le piège et prendre toutes les mesures pour se protéger. Heureusement que les forces de sécurité sont sur le terrain et agissent avec célérité et rigueur pour que force reste à la loi.

La nervosité des opposants est compréhensible car beaucoup d’entre eux jouent leur survie politique. Un échec retentissant va les écarter du paysage politique national où ils ne seront plus audibles.

Conscients de cela d’aucuns commencent à semer les graines du doute pour justifier, de main, leur déroute électorale. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les positions absurdes des défenseurs de « l’impératif pour chaque électeur de prendre 47 bulletins avant d’entrer dans l’isoloir » ? En France 2 bulletins suffisent parce qu’ils garantissent le secret du vote. Au Sénégal la loi oblige à prendre un minimum de 5.

L’acharnement de certains à défendre le choix des 47 est un acte désespéré pour ralentir les opérations de vote à défaut de pouvoir les empêcher. L’opposition n’est pas prête mais va devoir s’y faire : le rendez-vous du 30 juillet est incontournable.