Mais que diable était-il allé faire dans cette galère de la « transhumance » ?
C’est la question que se posent tous les « pastéfiens orthodoxes » qui s’interrogent sur le choix de leur leader, Ousmane Sonko, lequel a renié sa parole de ne jamais appeler qui que ce soit d’autre (en dehors de son parti) pour renforcer ses troupes et l’aider à gagner les législatives.
Il a pourtant grandement ouvert les portes, et même les fenêtres, de sa formation pour accueillir tous les transhumants du Sénégal et du Djolof, y compris les « senefs ».
Une victoire éclatante, mais controversée
Aujourd’hui, sa victoire éclatante et même écrasante en est entachée. Cela restera dans les annales des compétitions politiques sénégalaises.
Cependant, il est facile de comprendre ce retournement de veste. Sonko, saisi par le doute, observait les campagnes électorales de Barthélémy Dias, d’Amadou Ba et de la liste *Takku Wallu*, qui attiraient des foules importantes et développaient une argumentation logique et percutante, mettant en lumière le manque de résultats du nouveau pouvoir depuis sa mise en place.
Ce discours pertinent, solidement argumenté, aurait dû produire des effets sur l’électorat.
Un électorat fidèle malgré tout
La suite a démontré le contraire. Malgré le manque d’engouement observé le jour du vote, les électeurs sont restés fidèles à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur choix du mois de mars, en faveur du duo Domaye/Sonko.
Sonko avait donc vu juste en refusant toute coalition, mais il a finalement vacillé et fait appel aux transhumants.
Craignant des votes-sanctions et des mobilisations d’opposants à qui il avait promis des procès, il a redouté un retour de boomerang. La tournure des événements, qui a surpris tout le monde, a confirmé le vote de mars et prouvé que Sonko reste un phénomène politique national.
Les jeunes, notamment, continuent de « boire » ses paroles, qu’il s’agisse des fameuses ordonnances pastilles ou du compte bancaire d’un milliard de francs « qui existe parce qu’il l’a dit ».
Les fake news : un levier toujours efficace
C’est bien connu : plus les fake news sont grosses, plus elles passent comme une lettre à la poste auprès d’une certaine catégorie de populations, dopées au « béni-oui-oui » et à la soumission intellectuelle.
Tout le monde se souvient de Trump affirmant que les immigrés haïtiens de l’Ohio mangeaient des chats et des chiens appartenant aux habitants de Springfield. C’était totalement faux, mais le futur vainqueur de la présidentielle américaine n’a jamais reconnu sa fake news, pas plus qu’il n’a admis la victoire de Biden en 2020.
Les électeurs, eux, n’en ont cure.
Une victoire ternie par les transhumants
L’ordonnance pastilles de Sonko fait sourire, tout comme le fameux compte à un milliard. Mais le débat sur les transhumants continuera à alimenter les interrogations dans les médias.
Sonko sait désormais qu’il n’en avait pas besoin. Ce choix a terni sa victoire et pose la question d’une éventuelle hypothèque sur l’impartialité des poursuites qu’une Haute Cour de justice, une fois la nouvelle Assemblée nationale (15ᵉ législature) installée, devrait engager.
Si certains de ces transhumants étaient impliqués dans des affaires « pas catholiques », liées au « carnage financier » dont parle Sonko, que fera ce dernier ?
Il a déjà affirmé qu’il ne protégerait personne. Pourquoi alors avoir fait appel à ces transhumants qui, malgré leur mobilisation, ont obtenu de maigres résultats ?
Une inefficacité politique
À Matam et Podor, ils se sont révélés totalement inefficaces, ce qui n’a surpris personne. Dans cette partie du pays, les « transhumants à deux pattes » ne font pas recette.
C’est une leçon à retenir, comme à Gossas ou à Malicounda, où le rouleau-compresseur de Pastef a également été bloqué.
Le débat est davantage politique que moral, car la transhumance n’est pas « rentable », ni à court, ni à moyen, ni à long terme.
Pourtant, comme pour la corruption, le blâme et les poursuites, si la loi l’exige, doivent viser toute la « chaîne d’anti-valeurs » : les corrompus et les corrupteurs.