On nous avait annoncé une « coalition unique » de l’opposition dirigée par le patriarche Abdoulaye Wade à grand renfort de publicité. Seuls les naïfs et les rêveurs impénitents y ont cru.
Les contradictions entre les membres de l’opposition sont irréductibles : Idrissa Seck est certes obligé de s’aligner dans une coalition car il n’a plus les moyens d’y aller seul mais avec Wade le contentieux est trop lourd, plombé par 7 mois de prison avec un « protocole de Rebeuss » digne des plus scandaleux arrangements entre maffiosi.
Déjà la sortie du lieutenant de Seck, Diattara qui précisait que « Rewmi négociait avec le PDS et non Wade » révélait la tension qui montait entre « partenaire non consentant ». La farce ne pouvait plus durer et la deadline du dépôt des candidatures a fait imploser « Mankoo Taxawu Senegal », la coalition qui n’aura jamais existé.
Maintenant le rideau est déchiré et le théâtre d’ombres a accouché d’un nombre encore difficile à évaluer de coalitions aussi improbables les unes que les autres.
Idrissa Seck le libéral chez Khalifa Sall le socialiste toujours en prison, Wade sollicité pour être de liste de « Wattu Sénégal », s’il a les moyens physiques, il viendra mais rien n’est moins sûr. Modou Diagne Fada qui fait bande à part et beaucoup d’autres qui sont entrain de concocter des listes d’ici ce soir à minuit.
À l’heure actuelle donc seule l’implosion de « Mankoo Taxawu Sénégal » est vérité d’Evangile. Pour le reste tout peut encore arriver. Mais le certain est qu’il y aura plus d’une dizaine de coalitions voire encore davantage.
Les sénégalais peuvent ainsi constater de visu que les opposants ne sont intéressés que par eux-mêmes. Ils courent derrière les postes de députés et les émoluments qui vont avec. Si combattre le gouvernement était leur seul et unique ambition pourquoi ne s’unissent-ils pas ?
En vérité ils n’ont pas les mêmes objectifs et se détestent cordialement. Il s’y ajoute que la haine les aveugle au point où ils s’engagent en rangs dispersés et vont subir une défaite retentissante face à BBY plus uni que jamais.
La faiblesse de l’opposition sénégalaise est de notoriété publique. Des visages connus des téléspectateurs comme Abdoul Mbaye, ancien premier ministre ou Ousmane Sonko inspecteur des impôts radié vont se rendre compte qu’ils n’ont aucune représentativité dans le pays qui ne s’arrête pas à Dakar et à ses médias.
Sur les 45 départements du pays l’opposition peut faire illusion à Dakar et Touba et nulle part ailleurs sauf dans des « poches urbaines ». Dès lors, la victoire de BBY implantée dans tout le pays est du domaine du réel, non de la fiction alimentée par des opposants dans le déni et le désarroi.
Leur incapacité à s’unir est la preuve irréfutable de leur égoïsme absolu et de leur volonté inflexible de satisfaire leurs seuls desiderata. Les besoins du peuple leur sont indifférents.
Wade et ses « talibés » du PDS roulent pour Karim Wade empêché par son casier judiciaire et une éventuelle contrainte par corps si d’aventure il foulait le sol sénégalais. Pourtant, avec l’énergie du désespoir, son père, plus que nonagénaire fait de sa réussite politique improbable le dernier combat de sa vie. Avec son parti le PDS il persiste et signe et continue de se débarrasser de tous ceux qui ne lui obéissent pas au doigt et à l’œil. Même s’il était physiquement empêché, il continuerait à tirer les marrons du feu. Il est vrai qu’au PDS nul n’est de taille pour s’opposer à lui pour diriger quelle que liste que ce soit.
Va-t-il pour autant venir faire campagne au Sénégal ? Rien n’est moins sûr ! Si tel était le cas, il ferait le buzz, favoriserait des troubles à l’ordre public à ses risques et périls. Ses « talibés »(disciples) s’accrochent désespérément à lui comme une bouée de sauvetage car s’il ne vient pas ; ils n’auraient même pas un groupe parlementaire.
Un communiste défroqué comme Mamadou Diop Decroix sait qu’il n’a aucune chance de devenir député s’il n’est pas bien placé sur la liste nationale de la coalition : « Wattu Sénégal ». D’ailleurs l’existence même de son parti « AJ » est une forfaiture cautionnée par Wade.
Quid de Khalifa Sall et ses ouailles ? Un bon score à Dakar intra muros est envisageable. Rien d’autre ! Cela risque d’être assez peu pour tous les ambitieux accrochés à ses basques et qui l’ont poussé au suicide politique. Du reste rien ne dit que sa candidature va le sauver d’une condamnation pénale qui lui pend au nez au vu des graves accusations qui pèsent sur lui.
C’est certainement cette perspective qui pousse Idrissa Seck à se maintenir dans cette coalition en souhaitant pouvoir rassembler les morceaux si jamais Sall est empêché. Et de bénéficier du soutien de ses militants.
L’analyse de Seck est superficielle car jamais une majorité de socialistes ne votera pour lui, l’homme des basses manœuvres du PDS, le clone de Wade, « son fils déshérité ». Mais on s’accroche à la bouée qu’on peut. Son fief de Thiès est vraiment menacé cette fois mais l’homme est atteint de « cécité ambitionnelle ».
Il a usé et abusé des ruses en tous genres qu’il est perdu dans ses propres entourloupes. Il n’a pas vu le coup de Talla Sylla venir. Il est maintenant à la merci de Barthélèmy Diaz et autres Bamba Fall qui n’ont nullement l’intention de se ranger derrière lui. Les deux ayant maille à partir avec la justice et un avenir politique en pointillé.
Pour l’heure l’opposition est à la rue et BBY peut se frotter les mains. BBY doit cependant mettre de l’ordre dans ses rangs, mobiliser ses troupes et se donner pour objectif de remporter une majorité qualifiée pour permettre à son leader, le président Macky Sall de terminer son septennat en toute quiétude. Et de préparer la campagne de 2019 dans les meilleures conditions.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Tant mieux pour le peuple sénégalais car les opposants n’ont rien de crédible à proposer.