Finalement ce sont 47 listes qui ont été validées pour le scrutin législatif du 30 juillet au Sénégal. C’est un record et un casse-tête pour l’organisation notamment au niveau des bureaux de vote. D’ores et déjà les imprimeurs se frottent les mains, eux qui vont avoir un juteux marché pour confectionner des centaines de millions de bulletins de vote et d’affiches. Mais pour les citoyens ce sera galère et confusion pour reconnaître les bulletins et faire le bon choix.

La balle est dans le camp des coalitions qui devront privilégier la facilité d’identification des bulletins notamment pour les électeurs analphabètes. Cela est pour les questions pratiques essentielles pour l’issue du vote. Il reste d’autres questions de fond liées à cette inflation des candidatures qui pourraient dénaturer la démocratie sénégalaise. C’est caricatural et dangereux tout à la fois.

Mais comment imposer le simple bon sens ? En faisant respecter la loi et exiger que les partis politiques au nombre de plus de 360 se conforment à la loi en faisant des congrès et en respectant toutes les autres obligations juridiques. Si cela était fait beaucoup de partis bidons seraient éliminés et l’espace politique serait assaini. Il restera toujours à développer l’éducation citoyenne car démocratie rime avec connaissance.

La démocratie dans l’analphabétisme et l’obscurantisme est impossible. C’est donc sur ce plan que des efforts soutenus doivent être menés et par l’Etat et par les formations politiques dont c’est l’une des missions. Malheureusement l’électoralisme et la chasse aux postes ont corrompu le système. Et ce n’est pas une spécificité sénégalaise.

Les dérives de la présidence Wade ont fait beaucoup de torts au Sénégal. Wade n’en a fait qu’à sa tête et a nommé n’importe qui ministre au point où aujourd’hui, n’importe qui pense pouvoir devenir ministre ou député voire même…président. On le voit avec l’implosion du PDS avec Aida Mbodj qui fait liste à part comme Modou Diagne Fada et beaucoup d’autres(Farba Senghor, Pape Samba Mbodj etc…).

Avec la publication officielle des listes Habib Sy, ancien ministre et directeur de cabinet de Wade est entrain de se donner en spectacle pour dire qu’il n’acceptera pas la liste proposée à Linguère. Que va-t-il faire ? Il n’est plus possible de changer.

Au bout du compte c’est l’opposition qui se retrouve avec beaucoup plus de problèmes que la coalition au pouvoir BBY qui est entrain de bien gérer les frustrations des « non-investis ». Les votes sanction risquent de toucher davantage l’opposition dont les leaders très courageux se sont tous réfugiés sur la liste nationale proportionnelle. Pour quoi n’ont-ils pas osé aller défier les ténors de BBY dans les départements où « le vainqueur prend tout » ?

La vérité est que les opposants savent bien que BBY est intouchable dans l’ensemble du pays et par son implantation et par les réalisations spectaculaires du président Macky Sall. C’est pour quoi la tête de liste nationale, le premier ministre Boun Abdallah Dionne est un choix logique pour défendre son bilan.

Les opposants déboussolés ne savent plus à quel saint se vouer. La mise sur pied des coalitions et la confection des listes ont démontré les divisions profondes qui les minent et l’égoïsme fondamental qui les empoisonne. Les opposants sont totalement décrédibilisés. Mansour Sy Diamil aurait dû se présenter dans le département de Thies. Il n’a pas osé. Comme Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis dont il a été maire. Se répandre dans les médias à Dakar est tellement plus facile. Prendre des risques jamais.

BBY sait où attaquer ses adversaires et cela fera mal à tous les coups.