L’ingérence de certains hommes politiques français dans les affaires internes du Sénégal ne passe plus sans conséquences. Suite à une lettre qu’ils ont adressé à la chef de la diplomatie française, réclamant clairement une ingérence de la France dans les affaires politiques sénégalaises, les députés français, André Chassaigne et Jean Paul Lecoq, ont été sévèrement recadrés par le président du groupe de la majorité à l’Assemblée nationale sénégalaise

 

Les députés français, André Chassaigne et Jean Paul Lecoq se sont mis dans une situation des plus inconfortable. Adressant, le 17 mars 2023, une lettre à Catherine Colonna, la Ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères, pour évoquer des affaires internes qui ne concernent que les Sénégalais, les deux hommes ont eu une réponse rapide et cinglante de la part du leader de la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale sénégalaise. Dans un courrier ouvert qui leur a été adressé, Me El Hadji Omar Youm n’y est pas allé par quatre chemins. Dénonçant la difficulté d’une certaine partie de la classe politique française à se départir du transcendantal colonial, l’homme a démonté, point par point, les allégations contenues dans cette lettre.

Des règles de base à rappeler

Pour tirer les choses au clair, le président du groupe parlementaire « Benno bokk yakaar » a fait en sorte de rappeler certaines règles de base aux députés français. Rappelant le positionnement du Sénégal, pays souverain et modèle de démocratie qui s’est doté, très tôt, d’institutions indépendantes, animées par des femmes et des hommes de qualité dont l’expertise et la rigueur sont saluées partout, le responsable s’est adressé directement aux deux parlementaires : « Ce n’est pas à vous, ni à qui que ce soit, même si vous êtes nés avant les indépendances des pays africains, par réflexe congénital, de dire le droit à la place de nos institutions judiciaires qui s’acquittent de Ieur exaltante mission au nom exclusif du peuple sénégalais souverain », a-t-il précisé.

Me El Hadji Omar Youm a tenu également à rappeler qu’il n’y avait aucun problème entre le Président Macky Sall et l’opposition sénégalaise. « Réformateur confirmé, le Président Sall a apporté de nombreux changements pour la modernisation de la démocratie sénégalaise. Notre pays est une démocratie majeure où personne n’est inquiétée pour ses opinions. Les libertés publiques et individuelles sont garanties sans réserve en dépit de dérives graves notées chaque jour contre les institutions », a souligné l’homme politique dans sa lettre de réponse.

Affaire Sonko, les précisions de M. Youm

Soulignant qu’Ousmane Sonko est aujourd’hui le seul opposant à être empêtré dans des dossiers judiciaires, M. Youm rappelle que l’homme est accusé de viols répétés et de menaces de mort par une jeune fille officiant dans un salon de massage que l’accusé fréquentait. Ce dossier est devant la justice. « Combien d’hommes politiques en France ont eu maille à partir avec la justice pour divers motifs ? » s’est interrogé le leader de la majorité parlementaire.

Il a par ailleurs interpellé les parlementaires français sur la question.  « Messieurs les députés vous pensez, sans doute, que lorsqu’il s’agit de votre pays, votre justice qui a condamné Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Jérôme Cahuzac, Bernard Tapie, Claude Guéant est une justice libre et indépendante et que pour nos pauvres pays africains, en l’occurrence le Sénégal, nous n’avons que des «machins» au service du pouvoir exécutif servant à réprimer des opposants…Je vous pardonne cet affront sur fond de préjugé néocolonial qui jette manifestement le discrédit sur notre institution judiciaire incarnée par des hommes crédibles, compétents et professionnels », a-t-il souligné.

Rumeurs, fausses informations et allégations biscornues…

Mettant à nu les fausses informations relayées dans le courrier des députés français à leur ministre des Affaires étrangères, le chef du groupe parlementaire de la majorité sénégalaise n’a pas hésité à dénoncer l’implication de politiques français dans ce genre d’affaires qui « n’honore ni votre statut ni celui de son auteur ».

Faisant référence aux accusations fallacieuses d’une somme de douze millions d’euros remis à Madame Marine Le Pen par le Président Sall, Me Youm souligne l’absurdité d’une telle accusation. « En s’abstenant de faire preuve de discernement, vous vous invitez, bruyamment et tristement, dans ce tintamarre de rumeurs, de fausses informations et d’allégations biscornues qui rabaisse dans les caniveaux de la médiocrité et de la médisance gratuite. Ce manque de rigueur manifeste informe amplement sur la difficulté de certains, voire leur refus, de rompre avec une certaine culture du tutorat », a-t-il notifié aux deux parlementaires.