En visite à Doha, le président Bassirou Diomaye Faye a rencontré Karim Wade, leader du parti PDS, qui vit en « exil » dans cet émirat depuis plus de sept ans.

Cette rencontre suscite des interrogations, car lors des élections législatives – qui viennent de se tenir – Karim Wade a fait alliance avec Macky Sall, ancien chef de l’État, contre le nouveau régime.

Mais il avait soutenu le président Diomaye Faye, candidat à la présidentielle du mois de mars dernier, et avait même facilité une audience avec son père, Abdoulaye Wade.

Cette audience avait eu un impact politique majeur, en poussant les militants, toujours nombreux, du PDS (le parti des Wade, père et fils) à voter pour le candidat de l’opposition d’alors, Diomaye Faye.

Cette alliance a fait long feu, et le PDS, dirigé par Karim Wade, avait refusé la proposition d’Ousmane Sonko de participer au gouvernement.

Ce choix politique a été mal compris par de nombreux militants libéraux (ceux du PDS), qui ont contesté la décision de Wade fils.

Il en a été de même pour sa volte-face avec la coalition scellée avec Macky Sall.

Cette fois-ci, une scission a été constatée, et une liste dissidente menée par Doudou Wade, neveu d’Abdoulaye Wade et naguère fidèle militant, a été présentée aux législatives.

Cette rébellion a tourné court, car le verdict des urnes a accouché d’une **bérézina** pour les révoltés.

Ils n’ont obtenu aucun siège, alors que la coalition « Takku Wallu » (celle du duo Karim Wade/Macky Sall) est arrivée en deuxième position, largement derrière celle du nouveau pouvoir qui a raflé 130 sièges.

Takku Wallu a gagné dans 5 départements sur 46 et obtenu, au total, 15 postes de députés.

Une rencontre aux objectifs flous

Pourquoi, dans ces conditions, Diomaye Faye rencontre-t-il Karim Wade, devenu un adversaire politique ?

Pour le remercier de son soutien lors de la présidentielle, certainement.

On peut aussi se poser la question de savoir si une nouvelle approche ne serait pas envisagée pour refonder l’alliance de la présidentielle.

Il y a également la question pendante du « statut juridique de Karim Wade » en ce qui concerne la justice sénégalaise.

L’homme a été gracié, mais la somme de 138 milliards de FCFA qui lui était réclamée fait toujours débat.

Est-il toujours tenu de la rembourser ?

Il y a comme un « clair-obscur » ou une zone grise qu’il faudrait clarifier pour permettre un retour au Sénégal en toute sérénité de Wade fils.

Le président Diomaye Faye a-t-il donné des assurances à Karim Wade pour qu’il puisse fouler le sol de son pays sans crainte ?

L’avenir le dira.