Les autorités sénégalaises actuelles, comme celles qui les ont précédées, font face à une équation impossible à résoudre : la volonté farouche des jeunes de quitter le pays pour tenter de franchir les frontières européennes et/ou américaines.
Les filières sont nombreuses à travers les océans, le désert et les airs. Les passeurs et autres mafias organisées prospèrent dans ce business qui rapporte gros.
Au point où de nombreux pêcheurs abandonnent leur métier traditionnel pour se reconvertir dans celui de convoyeur de pirogues vers « Barça » (Barcelone ou « Barsakh », l’au-delà).
Et rien ne semble pouvoir arrêter les vagues de jeunes « desperados » qui, tous les jours, vont à l’assaut de ces chemins suicidaires.
Si des centaines voire des milliers de kamikazes arrivent à débarquer dans les îles Canaries, en Italie ou en Grèce, autant, voire plus, périssent, engloutis par les vagues, ensevelis dans les sables.
D’autres, refoulés d’Algérie, de Libye, de Tunisie, du Niger, principalement, sont réduits à lancer un appel au secours à l’État sénégalais pour demander à être rapatriés.
C’est le cas en ce moment, avec des dizaines de jeunes, refoulés d’Algérie et qui se trouvent au Niger dans des conditions dramatiques.
Leur rêve avorté, devenu cauchemar, les plonge dans la désillusion et dans la colère contre les autorités qui, certes, leur doivent assistance, mais ne sont pas responsables de leur malheur.
Même si l’on peut les accuser de ne pas avoir « créé les conditions économiques favorables à leur maintien au pays ».
Pourtant, le débat n’est pas si simple, car s’il est vrai que les changements promis tardent à se matérialiser, sur le plan de l’emploi notamment, il n’est pas certain que cette seule question de l’emploi retiendrait les jeunes sur place.
Au Sénégal, mais aussi ailleurs en Afrique.
Il y a l’appel du large, les manipulations des réseaux sociaux, les mensonges des immigrés qui ne disent pas la vérité sur leurs conditions de séjour à l’étranger et l’affichage de certaines réussites douteuses.
Il y a aussi les charges brutales des ex-opposants et nouveaux dirigeants contre le régime antérieur qui ont fait croire au miracle avec l’alternance politique.
Avec la gestion « saine » des revenus pétroliers, mais, s’il est encore trop tôt pour juger, il paraît peu probable que les promesses mirobolantes se réalisent de si tôt.
Plusieurs pays africains exploitent des hydrocarbures depuis des décennies et ne sont pas devenus des Eldorado.
Le Sénégal sera-t-il une exception ? Rien n’est moins sûr !
Pour le moment, il faut faire face aux urgences qui se posent avec les naufragés de l’émigration.
À ceux qui souffrent le martyr au Niger, il faut aussi ajouter les centaines de Sénégalais victimes de la catastrophe naturelle qui a dévasté Mayotte.
Ceux-ci aussi sollicitent l’aide de l’État du Sénégal.
Le casse-tête migratoire sénégalais est d’autant plus difficile à résoudre, si l’on peut dire, qu’il est comme une hydre à multiples têtes.
Les immigrés sénégalais se trouvent dans la quasi-totalité des pays du monde.
En tout cas, de l’Australie au Canada, de la Turquie au Japon, en passant par le Golfe et l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, etc.), ils sont présents.
Il est vrai que certains, notamment en Afrique (presque partout, du Nord au Sud), vivent dans des conditions correctes.
Mais, de manière générale, la vie d’immigré, sans qualification, sans niveau élevé d’éducation, est… un casse-tête.