Hissène Habré, Ancien Président du Tchad

Hissène Habré restera en prison. La nouvelle demande de permission déposée par la défense de l’ancien président tchadien introduite le 29 mars dernier, adressée au juge de l’Application des peines, au Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, a été finalement refusée, hier dimanche 18 avril 2021 par la justice sénégalaise. Ses avocats avaient motivé leur nouvelle demande de permission par l’« état de santé » de l’ancien dirigeant tchadien de 79 ans.

Il avait bénéficié d’une sortie de prison de 60 jours, en avril 2020, accordée par la justice sénégalaise en raison de la pandémie de Covid-19, malgré la colère du collectif des victimes de son régime. Mais Hissène Habré n’aura pas le même privilège cette fois, puisque la nouvelle demande de permission introduite par ses avocats, en fin mars, invoquant des raisons de santé, a été refusée par le juge d’Application des peines à Dakar.

« Le raisonnement tenu pour refuser la permission est que la question de la santé est du ressort de la Direction de l’administration pénitentiaire », ont indiqué ses avocats dans un communiqué après la décision rendue hier dimanche, à Dakar. Ils relèvent, toutefois, que sa première permission en avril 2020 avait été accordée « par le même juge » en raison de sa vulnérabilité au coronavirus, dénonçant ainsi, une « règle de droit à géométrie variable ».

 

125 millions d’euros d’indemnités attendus par plus de 7300 victimes

Du côté des victimes, on se réjouit naturellement de cette décision rendue par la justice sénégalaise. « Ce n’est que justice», a, en effet, déclaré, Kaltouma Deffalah, victime du régime de Hissène Habré, dans un communiqué de Human Rights Watch, repris par RFI.

« L’homme qui m’a réduite en esclavage doit purger sa peine conformément à la loi », affirme cette hôtesse de l’air, qui demande à ce que soient versées les indemnités ordonnées par le tribunal. Environ 125 millions d’euros d’indemnités sont, en effet, attendus par plus de 7 300 victimes.

« Nous n‘avons pas dormi, nous avons bataillé contre toute attente que Hissène Habré soit libéré, donc je me dis que je suis satisfaite simplement parce que c’est encore une victoire pour les victimes », a-t-elle ajouté.

Hissène Habré a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à perpétuité par une juridiction africaine pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, notamment pour des faits de violences sexuelles et viol, lors de ses années au pouvoir de 1982 à 1990. Depuis sa condamnation, il purge sa peine dans la prison du Cap Manuel de Dakar.