Le ministre sénégalais de la Justice a déclaré que la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs était « définitive », ce qui le rend inéligible pour la présidentielle de 2024.
Dans un entretien publié mercredi en ligne par le magazine Jeune Afrique, le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall répond que M. Sonko a été arrêté « dans le cadre d’une autre affaire » que l’affaire de mœurs et que la règle selon laquelle un contumax doit être rejugé une fois arrêté ne s’applique donc pas.
« Pourquoi ne s’est-il pas constitué prisonnier s’il entendait obtenir que sa condamnation par contumace soit anéantie ? Celle-ci est entretemps devenue définitive », dit-il. C’est à ce titre que M. Sonko a été déchu de ses droits électoraux et qu’il a été radié des listes, a-t-il ajouté.
Ousmane Sonko a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès qu’il dénonçait comme un complot, il a été condamné par contumace.
Il a depuis été écroué fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État.
Les autorités mettent en cause sa responsabilité dans une série d’épisodes de contestation auxquels son bras de fer avec le pouvoir et ses démêlés avec la justice ont donné lieu depuis 2021 et qui ont fait plusieurs morts.
Les avocats de Sonko soutiennent que, leur client ayant été arrêté depuis sa condamnation, il doit être rejugé. Ils invoquent les textes en vigueur sur la contumace.
Ousmane Sonko a entamé une grève de la faim le 30 juillet. Il est hospitalisé depuis le 6 août. Les autorités ont annoncé la dissolution de son parti et procédé à des centaines d’arrestations.