Le maire de Dakar est dans la tourmente : la machine judiciaire s’emballe avec la convocation de Khalifa Sall et de ses collaborateurs, ce lundi, par le juge.
C‘est lui-même qui l’a révélé à la presse hier. Il a ensuite maintenu sa ligne de défense selon laquelle « les fonds utilisés étaient des fonds politiques ». L’homme a même « craqué » et a fondu en larmes.
Mais cette séquence émotion ne peut évacuer les questions de fonds à savoir, par exemple si il s’agissait de « fonds politiques » pourquoi mettre en place un système de fausses factures ? Déclarer des achats de riz et de mil pour la somme de trente millions de Fcfa par mois ? Et cela depuis 2011 comme l’a établi l’enquête menée par l’inspection générale d’Etat.
Ces faits incontestables justifient que le procureur de la république du Sénégal, Bassirou Gueye soit fondé de saisir le juge d’instruction. Comme il l’avait annoncé.
En toute logique Khalifa Sall et ses collaborateurs vont être inculpés et, probablement mis en détention provisoire. C’est le juge qui décide souverainement après appréciation du dossier.
Ce qui est avéré est qu’il n’y a pas de base légale pour le maire de Dakar de disposer de « fonds politiques ». Donc il y a détournement de fonds publics et cela a des conséquences judiciaires.
La convocation chez le juge est une étape cruciale pour le maire de Dakar qui devra sortir d’autres arguments que ceux qu’il ressasse sur la « tradition » et les « habitudes » de ses prédécesseurs.
Ce sont les aveux de ses collaborateurs : le DAF(directeur administratif et financier et la gérante du GIE TABAAR(groupement d’intérêt économique) qui ruinent l’argumentation de l’édile de Dakar. En effet ils dévoilent un système de fausses factures(chaque mois le GIE TABAAR établissait à la demande du DAF des factures d’achat de riz et de mil pour trente millions de francs cfa) pour couvrir la remise de 30 millions de fcfa au maire Khalifa Sall par le DAF lui-même.
Ces faits bien établis écartent toute connotation politicienne. Le procureur était obligé de faire son travail et de saisir un juge d’instruction. Il y a bel et bien détournement de deniers publics consacré par des faits avérés reconnus par leurs propres auteurs.
Quant à la question des « fonds politiques » soulevée par Khalifa Sall pour sa défense; elle se heurte au fait qu’aucune disposition légale ne l’étaye. Il n’avait pas le droit de s’octroyer 30 millions de francs Cfa par mois d’argent public.
Il est vraiment pris la main dans le sac.
Dans ce contexte spécifique, on ne voit pas comment le juge pourrait ne pas l’inculper et/ou décerner un mandat de dépôt à son encontre et à celui de ses complices.
Le face à face avec le juge ce jour est déterminant et va sceller le sort de l’édile de Dakar qui ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Il n’y a pas de cabale. Il y a un énorme scandale.