Khalifa Sall et ses 7 co-inculpés seront face aux juges du tribunal correctionnel de Dakar jeudi au cours d’un procès qui permettra d’édifier tout un chacun sur les graves accusations de détournement de deniers publics, de faux et d’usage de faux et d’association de malfaiteurs qui pèsent sur eux.

L’activisme des avocats du maire de Dakar s’est révélé vain. Il trahit cependant la peur panique qui les tenaille à l’approche du face à face incontournable avec les juges qui les attend au temple de Thémis.

Au vu des «procès-verbaux d’audition face aux enquêteurs et au doyen des juges publiés dans la presse, l’édile de Dakar et ses compagnons d’infortune seront en grande difficulté pour justifier l’utilisation des 1 800 000 000 millions de FCFA(près de 3 millions d’euros) soustraits à la caisse d’avance de la mairie de Dakar. En effet, des fausses factures ont été faites pour justifier l’achat de tonnes de riz et de mil dont personne n’a jamais vu la couleur.

Le gérant de la société TABAR affirme, sur procès-verbal, qu’il n’a jamais signé ces factures et n’a jamais reçu un centime. Mais il ajoute que sa sœur –qui travaille à la mairie de Dakar- s’occupait de tout et ne l’a jamais informé. Ce monsieur qui vit dans des conditions très modestes(il est vendeur ambulant de café-Touba) ne semble pas avoir bénéficié des millions frauduleusement soustraits. D’autres co-inculpés du maire de Dakar ont confirmé l’usage de faux pour justifier des sommes décaissées et remises main à main à Khalifa Sall qui n’a pas nié.

Tous les acteurs de cette affaire rocambolesque vont devoir s’expliquer publiquement pour éclairer la lanterne des juges et des citoyens sénégalais. L’évident est que cette affaire n’a rien de politique. Il s’agit d’une escroquerie en bande organisée qui n’a que trop duré. La défense de Khalifa Sall selon laquelle « cela se faisait depuis Lamine Gueye pour justifier l’utilisation de fonds politiques » ne tient pas la route. Parce qu’il n’y a pas de « fonds politiques votés et désignés comme tels dans le budget de la mairie de Dakar ». Il va falloir qu’il trouve une autre ligne de défense plus crédible.

D’aucuns brandissent la menace de « balancer » d’autres personnalités. Ce serait très bien pour la lutte contre la corruption. Mais cela signifierait aussi que Khalifa Sall n’a pas d’arguments en sa faveur. Plaider coupable et demander l’indulgence du tribunal est une option mais elle(cette option) mettrait fin aux ambitions politiques du maire. À moins qu’une hypothétique amnistie ne le remette en selle. Khalifa Sall s’est piégé tout seul. Il a joué avec le feu et s’est brûlé tout seul.

H

omme politique ambitieux, il devait faire attention et rester fidèle à la démarche adoptée dès son élection avec la publication de son patrimoine. Pourquoi diable a-t-il eu besoin de puiser dans la caisse d’avance ? Pourquoi n’avait-il pas versé la caution depuis le début ? Pourquoi a-t-il laissé ses avocats l’engager dans une impasse juridique ?

Poser ces questions c’est aussi soulever des doutes sur les qualités de leadership de Khalifa Sall. C’est lui qui a choisi ses avocats et c’est lui qui les a laissés mener une action absurde qui se retourne contre eux et lui comme un boomerang.