Entre les médias sénégalais et le nouveau régime installé depuis quatre mois, rien ne va plus.
Tout laisse croire que les nouvelles autorités ont décidé d’étouffer les médias par une inquisition fiscale, à coups de blocage des comptes bancaires (lorsque des dettes fiscales sont constatées), de menace de saisie de matériel, le tout doublé d’une campagne …médiatique pour présenter les dirigeants des groupes de presse comme des citoyens non exemplaires, pour ne pas dire véreux.
Deux quotidiens sportifs (Sunu Lamb et Stades) ont suspendu leur parution ; tous les autres organes de presse (radios, télévisions, sites web etc.) sont en sursis, tirant le diable par la queue, avec des employés (journalistes et autres techniciens) privés de salaires depuis des mois.
Parce que, tout en exigeant le paiement des impôts, le nouveau pouvoir a fait suspendre tous les contrats publicitaires souscrits avec les entreprises d’Etat, avec arrêt d’effectuer les paiements dus.
A l’évidence, il y a volonté d’affaiblir les médias, mais à quelle fin ?
Nonobstant le fait que cette décision est bien un coup de force dont la légalité est sujette à caution, elle aggrave la situation financière des groupes de presse.
Et, ce d’autant que le président sortant, Macky Sall avait promis une amnistie fiscale, aux groupes de presse, avant son départ.
A-t-il oublié de la finaliser ?
Quoiqu’il en soit, le nouveau régime s’est engouffré dans la brèche pour régler des comptes, comme cela est le cas, avec les nominations qui pleuvent dans toutes les structures étatiques.
C’est compréhensible avec le « spoil system » caractéristique de la Démocratie ; mais, les excès sautent aux yeux. Lorsque le procureur de la République, le Doyen des juges et le juge du deuxième cabinet qui avaient « géré » les affaires dans lesquelles l’actuel premier ministre Ousmane Sonko était impliqué, sont tous les trois affectés à Tambacounda, une localité éloignée, où le travail judiciaire n’exige pas autant de magistrats qualifiés et chevronnés. Contre la presse privée, c’est l’arme des impôts et de l’asphyxie financière qui est utilisée. Pour la briser et la soumettre.
C’est peine perdue et les opposants devenus patrons de l’exécutif le savent pertinemment eux ,qui ont bénéficié du travail courageux de la presse privée et ,souvent partial ,en leur faveur, dans leur combat politique.
C’est pourquoi, beaucoup de journalistes ne comprennent pas l’action engagée pour les museler.
Ces journalistes étaient aveuglés par leur choix partisan qui les empêchait de voir les tendances autoritaristes des opposants d’alors qui refusaient les interviews.
Et qui voient le monde de manière manichéenne : ceux qui sont avec eux, soumis et sans esprit critique et ceux qui sont contre eux et qui osent les critiquer.
Maintenant au pouvoir, leur objectif serait de faire taire toute opposition, et de plier toute volonté d’informer juste et vrai.
La menace est terrifiante, elle est bien perçue par les journalistes qui ont décidé « une journée sans presse ce 13 août ».
Pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la tentative en cours de liquider toute presse « libre » au Sénégal.
Il est grand temps de faire face et d’utiliser les moyens médiatiques pour faire échec à ces opposants ivres de pouvoir au point de vouloir éliminer tout discours « dérangeant ».
Cette entreprise da caporalisation n’a aucune chance de prospérer car les possibilités d’expression médiatiques sont tellement nombreuses qu’elles sont impossibles à bloquer par quelque pouvoir que ce soit.
Eux qui avaient pris d’assaut les réseaux sociaux, auraient-ils oublié que ces « armes » sont toujours disponibles à tout le monde. Et d’une redoutable efficacité ?
Qu’ils veuillent promouvoir de nouveaux organes de presse à leurs bottes ; ils sont libres de le faire.
Mais faire » taire toute opposition par les médias, c’est une entreprise vaine.
Comme les initiateurs de la journée sans presse l’ont affirmé, en conclusion de leur communiqué : « les régimes passent, la presse demeure ».