Des licenciements économiques contestés
Plus de quarante employés de l’Hôtel Radisson de Diamniadio, près de Dakar, se retrouvent brusquement sans emploi, victimes de licenciements motivés par des raisons économiques. Une situation dénoncée avec véhémence par les intéressés et plusieurs syndicats, qui interpellent l’État sénégalais pour une intervention immédiate. Parmi les personnes licenciées figurent principalement des chauffeurs et des agents de sécurité, pour la plupart titulaires de contrats à durée indéterminée (CDI).
Selon les témoignages recueillis, ces départs forcés seraient liés à une restructuration opérée par la direction turque de l’établissement, qui justifie sa décision par des contraintes économiques et stratégiques. Cependant, les anciens employés et leurs soutiens dénoncent des pratiques qu’ils jugent contraires au Code du travail, notamment en ce qui concerne le respect des droits des salariés.
Un syndicat en première ligne
Un représentant syndical de l’hôtel affirme que cette décision s’inscrit dans une logique de remplacement par des prestataires externes, en dépit des longues années de service de certains salariés licenciés. Il pointe également du doigt la construction d’un nouvel hôtel, à proximité du stade Abdoulaye Wade, comme un élément aggravant les tensions.
« Ces licenciements sont un coup dur pour des employés qui ont consacré leur vie à cet établissement. Ils sont aujourd’hui laissés sans recours, avec seulement trois mois de salaire en guise d’indemnité, quelle que soit leur ancienneté », déplore-t-il.
Les syndicats demandent aux autorités sénégalaises de faire respecter les droits des travailleurs et de contraindre la direction à reconsidérer ces licenciements jugés arbitraires.
La version de l’Hôtel Radisson Diamniadio
Dans une note adressée au collège des délégués du personnel, l’Hôtel Radisson affirme avoir respecté les dispositions légales, notamment les Articles L60 à L62 du Code du travail sénégalais. Les dirigeants avancent plusieurs justifications à cette décision :
- Amélioration des standards de sécurité : Externaliser les services de sécurité permettrait d’atteindre un niveau d’expertise plus élevé pour répondre aux attentes des clients prestigieux de l’hôtel.
- Satisfaction de la clientèle : Les attentes des partenaires et des clients haut de gamme justifieraient un recentrage stratégique vers des prestataires spécialisés.
- Efficacité opérationnelle : Cette réorganisation, selon la direction, permettrait de mieux concentrer les efforts sur les activités principales de l’hôtel tout en offrant des services externalisés de qualité supérieure.
Entre restructuration et controverse sociale
Si la direction se défend en invoquant une démarche légale et une nécessité de s’adapter à la concurrence, ces arguments peinent à convaincre. Pour les syndicats, il s’agit avant tout d’un désengagement vis-à-vis des obligations sociales, au profit d’une logique purement économique.
Face à cette crise, les anciens employés appellent l’État du Sénégal à arbitrer en leur faveur et à faire respecter les principes de justice sociale. Alors que les retombées économiques et sociales de ces licenciements restent incertaines, cette affaire met en lumière les tensions entre intérêts économiques et respect des droits fondamentaux des travailleurs.