Qui est Anita ?Où est-il ou elle ? Où vit-il ou elle ?

Les services de renseignement sénégalais se mobilisent pour répondre à ces questions, dans le but de localiser cette personne et de la poursuivre en justice. Car Anita dérange jusqu’au plus haut sommet de l’État du Sénégal.

Le 24 juillet 2024, Seydina Oumar Touré, Directeur général de l’Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), a annoncé sur sa page Facebook avoir déposé une plainte à la Division de la Cybercriminalité de la Police contre Anita Diop. Dans son message, Seydina Oumar Touré écrivait :

« Anita Diop prétend qu’après juste deux mois à la tête de l’ASP, j’aurais détourné des fonds publics avec lesquels je tenterais actuellement d’acquérir une maison de 300 m², à 200 millions de francs CFA, sise à Cité Biagui. »

Il ajoutait :  « Je reconnais qu’en l’espèce, la citation directe aurait été appropriée. Cependant, la personne mise en cause étant inconnue et impossible à situer, je me réfère à vos services pour retrouver madame ou monsieur Anita Diop, afin qu’il ou elle apporte la preuve de telles allégations. »

Cette déclaration, publiée sur Facebook, marque le début d’une longue enquête initiée par cet ancien capitaine de la gendarmerie. Cependant, la décision de Seydina Oumar Touré de poursuivre Anita Diop n’a pas dissuadé le détenteur du compte Facebook « Anita », qui continue de publier des informations jugées très crédibles et provenant de sources fiables.

Quelques révélations d’Anita

Au-delà de Seydina Oumar Touré, c’est Ousmane Sonko lui-même qui est fortement ébranlé par les publications d’Anita, notamment depuis la diffusion d’une photo le montrant dans un véhicule de la gendarmerie sur la route de Kaffrine. Comment Anita a-t-il pu obtenir cette image où l’on voit Ousmane Sonko assis entre deux agents encagoulés du GIGN ?

La précision des informations diffusées par Anita laisse penser que celui-ci (ou celle-ci) dispose de contacts très proches des services de sécurité ou de renseignement.

Mieux encore, à l’approche des élections législatives du 17 novembre 2024, Anita avait publié des informations confirmées plusieurs jours plus tard, comme le ralliement de Doura Baldé, ancien Directeur général de la LONASE, à Ousmane Sonko. Plusieurs jours avant l’annonce officielle, Anita avait déjà révélé cette information.

Anita a également été le premier à révéler le détournement présumé de 5 milliards de francs CFA par l’ASER, ainsi que les ralliements de Mame Boye Diao et de l’ancien ministre Malick Sall. Il avait aussi dénoncé des pots-de-vin de 15 millions que Sonko aurait proposés à des maires de Benno pour obtenir leur soutien à Pastef. Toutes ces informations, diffusées par Anita avant les médias, ont par la suite été confirmées.

Enfin, Anita avait dévoilé des informations concernant les jeunes manifestants venus de la Casamance pour organiser des émeutes à Dakar entre 2021 et 2024. Récemment, un jeune militant sudiste de Sonko a confirmé, dans une vidéo circulant sur internet, ces révélations. Il a reconnu avoir organisé des attaques contre les forces de sécurité « pour venger ses frères ».

L’État du Sénégal lance la traque contre Anita  

En plus de la plainte déposée par le capitaine Touré, les autorités sénégalaises ont décidé de traquer Anita sur internet. Celui-ci (ou celle-ci) risque des poursuites pour atteinte à la sûreté de l’État. La Délégation nationale au Renseignement (DNR), avec ses services techniques, ainsi que la Division de la Cybercriminalité de la police et les services de la gendarmerie, ont été mobilisés.

En attendant, des instructions ont été données pour signaler toutes les publications du compte « Anita ». Ousmane Sonko lui-même a perdu le sommeil à cause des révélations de ce mystérieux informateur qu’il souhaite à tout prix identifier, neutraliser et empêcher de nuire.

Enfin, Ousmane Sonko envisage d’envoyer en prison tous ses opposants et détracteurs, qu’ils soient journalistes, chroniqueurs ou acteurs politiques. Il s’est déjà attaqué à des figures comme Moustapha Diakhaté, Adama Gaye et Samuel Sarr. Il aurait donné l’ordre au ministre de la Justice, Ousmane Diagne, et au ministre de l’Intérieur, Jean Baptiste Tine, de lui obéir aveuglément, dans l’espoir d’être reconduits au sein du prochain gouvernement.