Le Conseil présidentiel pour l’insertion et l’emploi des jeunes, tenu, ce 22 avril 2021 au CICAD a vécu.
Outre la revue exhaustive des résultats et l’impact des initiatives, projets et programmes déroulés ou en cours de mise en œuvre depuis 2012, ce furent des moments forts d’échanges directs entre le Président de la république, les jeunes du Sénégal et leurs groupements.
Ce conseil fera date, parce qu’au-delà du format inédit, de la durée des travaux et des décisions qui y sont issues, il met en lumière la volonté ferme du chef de l’Etat d’engager avec encore plus de détermination, le combat pour l’encadrement, la formation et l’insertion durable de ceux qui représentent l’avenir du Sénégal.
La décision historique d’allouer 450 milliards, dans les trois années à venir, à la prise en charge des préoccupations des jeunes sur les ressources internes par une réorientation des priorités budgétaires et la création dès cette année 2021 de 65000 emplois aidés, constitue la matérialisation manifeste du «je vous ai compris» prononcé lors de son adresse à la nation du 08 mars 2021 à la suite des émeutes meurtrières et sanglantes que notre pays a connu en mars.
La bonne lecture de ces évènements qui ont suscité l’émoi des paisibles citoyens, a permis d’identifier le manque d’emplois comme la cause profonde du malaise des jeunes, accentué par les restrictions imposées par la Covid et le spleen qu’il a généré.
Homme d’Etat de grande qualité et patriote résolu dans l’action de tous les jours, le Président Macky Sall a bien saisi le message des jeunes et ses réponses sont d’une rare pertinence.
Les caractéristiques du marché du travail sénégalais sont connues de tous : une population jeune avec 70 % qui a moins de 35 ans, 300.000 nouveaux demandeurs annuels et une économie qui dispose d’une capacité d’absorption qui ne dépasse guère 90.000 emplois par an. S’y ajoute une insuffisance des ressources allouées au regard de l’ampleur de la demande.
La solution à une pareille équation ne réside point dans les joutes verbales stériles, la surenchère politicienne, le populisme, le positionnement opportuniste ou les solutions « prêt à porter ».
Elle est plutôt dans la commune capacité des acteurs publics, à appréhender les enjeux et à construire un consensus national fort sur le défi de l’insertion durable des jeunes et les solutions d’urgence et structurelles à mettre en œuvre.
La question de la résorption du chômage endémique des jeunes a toujours été un défi pour notre pays. Elle l’était hier, elle la reste encore aujourd’hui et la demeurera pour les trente prochaines années au regard de la structure de notre démographie et des projections futuristes y afférentes.
S’il demeure vrai que les réponses qui y sont apportées tout comme le portage doivent constamment dépasser les clivages partisans, Il reste aussi constant que les acteurs politiques de tout bord doivent prendre conscience que ce sujet est à aborder avec sérieux et responsabilité parce qu’il constitue un enjeu de stabilité et de cohésion pour notre pays.
Dans une économie de marché, c’est une lapalissade de rappeler que c’est bien le secteur privé qui crée l’immense majorité des emplois, en fonction des mouvements dynamiques des forces sociales et économiques, des opportunités d’investissement et des perspectives de profits légitimes.
Mais, en période de crise, sous tous les cieux, l’approche keynésienne rassemble les esprits lucides et pousse les Etats à agir pour doper les économies nationales.
Pendant la crise financière de 2008/2009, les présidents George Bush et Barack Obama, l’un républicain, l’autre démocrate, ont élaboré des plans de relance massifs pour sauver les banques privées américaines, pour éviter un effondrement du système économique national, et, par « contagion » le système économique mondial tout entier.
Depuis mars 2020, avec l’apparition de la crise sanitaire de la Covid qui a ébranlé la planète entière avec ses conséquences économiques et sociales dévastatrices, tous les Etats ont lancé des plans de résilience pour contenir le choc et ensuite de relance pour sortir du marasme.
Le Sénégal n’a pas été en reste, avec son plan de résilience économique et sociale de 1000 milliards qui lui a permis d’amortir le choc et d’éviter la récession.
Le PAP 2A mettra notre pays à nouveau sur une trajectoire de croissance positive et créatrice d’emplois de richesses en contribuant à remobiliser, remettre l’appareil productif sur de bons rails et accélérer la transformation structurelle de notre économie.
En attendant que le plan de relance produise ses effets sur le moyen et long terme, un traitement social du chômage endémique avec des solutions d’urgence est plus que nécessaire.
A cet effet, Le volontarisme économique qui caractérise l’action du Président Sall depuis la crise de la Covid est un signe de perspicacité politique, de lucidité économique et d’engagement social.
L’élaboration et la validation du programme Kheuyou Ndaw Gni dans un court délai avec des objectifs aussi ambitieux est la preuve supplémentaire d’un Président à l’écoute des pulsions profondes de son peuple et au service exclusif de ses concitoyens.
Ce plan d’urgence pour l’insertion et l’emploi des jeunes qui crée 65000 emplois dans des domaines ciblés : cadre de vie, reboisement, pavage, hygiène publique, entretien routier, etc ; 5000 emplois dans l’enseignement, 6000 dans les Forces de défense et de sécurité , 15000 emplois à travers le mécanisme de la Convention Etat-Employeurs, la création de 4600 entreprises et 15000 emplois à travers le démarrage du Data center de Diamniadio, 45 centres de formation professionnelle et des guichets uniques Pole emploi et entrepreneuriat dans tous les départements du Sénégal doit être soutenu par toutes les composantes de la nation. En ce sens que nous avons pour la première fois, un programme intégré de politique active de création de 100 000 emplois en une année et de mobilisation de 150 milliards sur le budget en cours pour les financer.
Les ressources mobilisées pour l’atteinte des objectifs sont Inédites, courageuses et révolutionnaires dans l’histoire des politiques publiques d’insertion et d’emploi des jeunes en Afrique au sud du Sahara.
Il témoigne d’une vision claire qui met au centre du jeu l’éducation et la formation, sans lesquelles aucune politique visant à créer des emplois ne serait efficace.
Ce volontarisme étatique aura aussi des répercussions positives sur tout le tissu économique et social national.
Le mois de Mai arrive au galop et sera donc un mois d’espoir et d’action, un rendez-vous avec les jeunes.
L’espoir va renaître dans les familles et, il nous appartiendra, tous, en tant que citoyens engagés, à nous mobiliser pour que l’expérience soit une réussite, fasse tâche d’huile et réveille l’énergie créatrice des jeunes.
Pour ce faire, l’encadrement efficace est un défi à relever pour développer la conscience professionnelle.
Le nouveau challenge qui vise la création de cinq cent mille emplois pour les trois ans à venir, malgré les effets de la crise sanitaire, autorise tous les espoirs.
Les tendances actuelles sont encourageantes en ce qui concerne le reflux de la pandémie sous les effets conjugués de la vaccination en cours et du respect des mesures -barrières, à renforcer.
Avec la reprise, des milliers d’emplois vont « refleurir » dans les secteurs impactés comme le tourisme, les transports aériens, les services en général, les industries liées à l’exploitation des hydrocarbures, la pêche, l’agriculture etc.
L’optimisme doit donc être de rigueur, non pas pour, simplement, faire échec aux oiseaux de mauvais augure, mais pour irriguer le tissu social de paix et de joie de vivre qui sont le carburant de la Téranga, dans un pays ouvert et fraternel.
ABDOU KHAFOR TOURE,
DG CGIS SA, Ancien DG de l’Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes du Sénégal, Ancien représentant du Sénégal au Conseil d’Administration de l’association mondiale des services publics d’emploi (AMSEP)