Le président Macky Sall vient de confirmer par décret, la convocation du corps électoral pour le 23 janvier 2022, date officielle retenue pour les élections locales (municipales et départementales).
Cette confirmation clarifie la situation et accélère les « préparatifs » (listes des candidatures, choix des têtes de liste, partage des « responsabilités ciblées », mutualisation des moyens pour payer les cautions, mobilisation des militants etc.
Ces questions essentielles imposent des choix cornéliens au sein des coalitions diverses et variées au niveau de l’opposition.
En vérité, plus personne ne sait combien de coalitions seront en lice car les explosions se succèdent aux implosions et les coalitions affichées semblent ne plus rimer à rien.
Le propriétaire de médias Bougane Gueye avait quitté la coalition YAW (Yewi askan wi : libérer le peuple), pour créer sa propre coalition, avec 16 partis politiques. Aux dernières nouvelles 14 partis ont fait défection. Pour relativiser, il faut noter qu’il y a plus de 300 partis politiques au Sénégal.
Hier (samedi 23 octobre), les alliés de YAW ont constaté leur désaccord qui accouche d’une impossibilité à établir la liste des candidatures.
Les partisans de Sonko demandent le ciel et la terre, eux qui n’ont jamais participé à aucune élection locale jusqu’ici et, ont logiquement reçu une fin de non recevoir de la part des partisans de l’ex- maire de Dakar, Khalifa Sall.
L’actuel maire de la capitale, Soham Wardini, n’avait même pas jugé bon de se présenter à cette rencontre qui s’est terminée en queue de poisson.
Ainsi, malgré la sortie de Sonko, deux jours auparavant, pour fustiger l’attitude de ses troupes, ses menaces n’ont servi à rien.
C’est comme si tout le monde voulait devenir Khalife à la place de Khalifa, à la tête de la mairie de Dakar.
Curieusement, la candidature de Khalifa Sall n’est évoquée par personne ; ce qui confirme la claire conscience de ses alliés et de ses partisans qu’il est empêché (par son casier judiciaire) et ne peut postuler à rien.
Il n’est ni éligible, ni électeur !
La coalition YAW est donc dans l’impasse et le temps est compté pour le dépôt des listes.
La coalition Wallu Sénégal (Porter secours au Sénégal), (regroupant le PDS de Wade et des partis satellites), n’est pas en meilleure posture ; les nouveaux alliés fustigeant la boulimie du premier parti historique de l’opposition légale au Sénégal.
Pour le moment l’indécision y prévaut.
Ailleurs, c’est l’activisme qui règne en maître et les sorties aussi fracassantes que stériles dans des médias dopés au sensationnel, si on peut dire.
Pour le moment, c’est bien la coalition présidentielle : Benno Bokk Yakaar (BBY : Ensemble pour le même espoir), qui s’en tire le mieux, avec le leadership réaffirmé du président Macky Sall, leader de la coalition.
Comment en serait-il autrement, si on s’en tient aux faits : BBY a gagné toutes les élections depuis 2012.
Le président de la coalition a les moyens politiques d’arbitrer pour les candidatures que les opposants n’ont pas.
Sa majorité écrasante à l’Assemblée nationale et, au niveau des 557 communes du pays le conforte dans une sérénité que tout justifie.
Certes, il y a des postures et des gesticulations qu’il va devoir gérer, à sa façon.
Les dernières législatives étaient plus complexes, avec les choix au niveau de la Diaspora (une première qu’il a voulue, pour renforcer la démocratie sénégalaise) et il avait eu le doigté nécessaire pour arrondir les angles. Et permettre à BBY de s’imposer triomphalement.
Il en sera de même cette fois-ci, encore.
BBY est une machine de guerre électorale que les opposants, plongés dans l’enfer des querelles d’ego et des ambitions névrotiques ne peuvent enrayer.
La seule question qui mérite d’être posée est de savoir quelle sera l’immensité et la profondeur du champ de ruines que deviendra l’opposition, après les locales.
A l’évidence les dissensions révélées par les investitures aux locales vont laisser des traces profondes et des rancunes tenaces.
L’opposition est en train de subir une épreuve de feu qui va la traumatiser, encore davantage car elle met en exergue ses divisions irréductibles et, surtout, les fausses valeurs de ses leaders, qui n’ont pour seule boussole que leur intérêt personnel.
Si des élections locales mettent le feu dans leurs rangs, qu’en sera t-il des scrutins législatif et présidentiel ?
L’union de l’opposition est une fiction et les locales ont dessillé les yeux de ceux qui rêvaient encore d’une coalition « XXL ».
Il y aura des coalitions rabougries de « décoalisés » qui n’ont même plus d’illusions.
C’est le triste spectacle, qu’offre en ce moment, l’opposition sénégalaise qui est dévorée par ses propres démons.