Alors que les dépistages se font sur un plus grand nombre de personnes-même s’il ne s’agit que de dizaines-, les « cas positifs » atteignent le chiffre de 47 dont 5 guéris et 42 sous traitement, selon un communiqué officiel du ministère de la santé. Il n’y a pas péril en la demeure, mais bien de quoi s’inquiéter car la tendance y pousse.
Les exemples des pays européens comme l’Italie -qui dépasse aujourd’hui la Chine au nombre de décès (4000), l’Espagne, la France et L’Allemagne qui voient les chiffres concernant les nouveaux cas de contamination monter en flèche, doivent inciter à la vigilance et à l’engagement.
Pour prendre la mesure de la pandémie qui avance inexorablement. Pour le moment le Sénégal ne compte aucun décès, mais seuls 5 personnes sur 47 sont déclarées guéries.
Il y a surtout que la présence du virus dans l’espace territorial national est attesté et, notamment à Touba (deuxième ville du pays en nombre d’habitants probablement) où un seul individu a contaminé 20 personnes.
L’urgence commende de tester le maximum de personnes possible pour savoir qui est contaminé et qui ne l’est pas.
Car la contamination n’est pas nécessairement détectable, des sujets contaminés peuvent n’avoir aucun symptôme, tout en pouvant contaminer d’autres.
De manière silencieuse donc le coronavirus peut faire son « trou » dans la société et finir par semer chaos et désolation.
Ce qui se passe actuellement aux USA, mais aussi en Iran, en Europe devrait ouvrir les yeux des sénégalais qui ont une diaspora dynamique et nombreuse en Italie, aux USA, en France et en Espagne.
Ces pays secoués par la pandémie étaient au même niveau de contamination que le Sénégal, il y a quelques semaines.
La désinvolture de Trump, le manque d’anticipation des Italiens, le choix de rapatrier des personnes exposées qui étaient en Chine ont été autant de facteurs qui ont précipité le chaos actuel. Ces expériences tragiques doivent servir de leçon.
La menace du coronavirus est très sérieuse et tout le monde doit en avoir conscience et agir en conséquence pour éviter de favoriser la propagation du virus qui tue. Les mesures de fermeture des marchés, des restaurants, des mosquées et de tous les lieux de rassemblement sont salutaires. Marabouts, imams et hommes politiques devaient être les premiers à les défendre et à agir pour que leur discours soient conformes aux actes qu’ils posent.
Il faut déplorer ce qui s’est passé à Yoff ce vendredi avec un imam qui a cherché à braver l’autorité de l’Etat qui a décidé la fermeture de toutes les mosquées de Dakar. Avec l’accord des hautes autorités religieuses des confréries Tijane, Mouride et autres.
Le curieux est cependant la cacophonie qui a régné concernant la tenue de prières du vendredi, notamment à Touba avec la bénédiction du Khalife qui avait décidé la fermeture de la mosquée Massalikul Jinane, le joyau de Dakar.
Le signal peut susciter des interprétations diverses avec la présence du Secrétaire Général du Gouvernement, l’ex-Premier ministre Boun Abdallah Dionne. Ainsi ce premier vendredi, dans la lutte contre la propagation du coronavirus renvoie à des appréciations mitigées.
Autant on peut se féliciter des mesures imposées à Dakar qui ont été acceptées par les populations et les leaders religieux d’envergure, autant on peut se poser des questions sur la gestion de la pandémie, notamment à Touba qui est devenu un foyer à surveiller depuis la contamination provoquée par un seul individu et qui a touché 20 personnes. Une action de sensibilisation plus vigoureuse doit être envisagée :
Pour faire comprendre à tout le monde que le coronavirus se propage à une vitesse terrifiante dans les foules, que seul l’isolement y protège et que les places fermées, comme les mosquées, sont des lieux à fermer. Le Khalife des Mourides a demandé aux fidèles de respecter les recommandations des médecins, il faut s’en féliciter.
Les rassemblements sont donc à éviter et il faudrait organiser une sensibilisation adaptée au contexte spécifique des milieux religieux, en faisant intervenir des personnes qui imposent respect en écoute dans le pays. C’est parfaitement possible et faisable.
Ce qu’il faut marteler c’est la dangerosité du coronavirus et le risque sanitaire mais aussi économique et social qu’il pose aux Etats et à l’ensemble de l’humanité. Le caractère mondial de la pandémie doit être mis en exergue et les fake news combattus.
Le difficile est de lutter contre l’obscurantisme dans le court terme et/ou dans une situation d’urgence. Une solution est de faire intervenir des marabouts réellement pétris de science et des oulémas lucides et convaincants.
Rien n’est simple, mais il y a urgence pour le Sénégal de relever le défi de la communication en temps de crise face à une situation gérable mais dont l’évolution est imprévisible.