Il n’y a aucune convention signée par l’Espagne et le Sénégal pour le rapatriement des migrants sénégalais vivant dans ce pays. C’est ce qu’a déclaré, hier mardi 24 octobre 2020, à Dakar, le secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur, Moïse Sarr, lors d’une conférence de presse donnée par plusieurs membres du gouvernement.
« Il n’y a pas de signature entre la République du Sénégal et le royaume d’Espagne, en ce qui concerne le rapatriement de nos compatriotes. Que cela soit clair et net pour tout le monde », a, en effet, indiqué M. Sarr au cours de cette rencontre avec la presse.
Les spéculations étaient allées bon train après la convention signée à Dakar, dimanche dernier, entre le ministre espagnol des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya et son homologue sénégalais, Aïssata Tall Sall, qui permettrait à l’Espagne, selon la rumeur, de rapatrier tous les migrants illégaux sénégalais.
Selon le secrétaire d’Etat des Sénégalais de l’Extérieur, cette nouvelle convention apporte plutôt « une avancée significative » en faveur des Sénégalais vivant en Espagne en satisfaisant « une veille et forte doléance ». Moise Sarr a surtout parlé d’une « convention généreuse » relative à « la prise en charge des pensions de retraite » des Sénégalais vivant en Espagne.
Levée de la clause de résidence
« Elle règle une question importante, la levée de la clause de résidence, ce qui permet aujourd’hui l’accès de nos compatriotes qui ont décidé volontairement, après avoir travaillé en Espagne, de revenir au Sénégal, sans pour autant connaître une réduction, encore moins une suspension » de leur pension de retraite, a affirmé Moïse Sarr.
« Nos compatriotes pourront désormais percevoir intégralement leur pension de retraite, sans avoir à faire la navette entre l’Espagne et le Sénégal », a-t-il souligné, ajoutant que ce nouvel accord « garantit l’égalité entre un Sénégalais qui a travaillé en Espagne jusqu’à la retraite et un Espagnol qui est resté dans son pays, dans les mêmes conditions ».
Prise en compte de la polygamie des Sénégalais
Par ce nouvel accord, les autorités espagnoles tiennent compte de la polygamie des Sénégalais travaillant en Espagne. Leurs épouses bénéficient de prestations sociales dont elles étaient privées jusque-là, selon Moise Sarr.
« Il y a une concession majeure qui a été faite, dans la mesure où la pension de survivant sera, avec cette nouvelle convention, répartie à parts égales entre toutes les épouses d’un travailleur sénégalais qui décède » en Espagne, si son lieu de travail s’y trouve, a-t-il souligné.
Se prononçant sur le retour au Sénégal des migrants, le secrétaire d’Etat des Sénégalais de l’Extérieur a révélé que le gouvernement va « mettre en place, dans nos 14 régions, des bureaux d’adaptation, d’accueil et de suivi, qui ont deux principales missions : aider à l’insertion des migrants de retour et fixer les potentiels candidats au départ ».
Le Sénégal a renforcé dernièrement les opérations de surveillance en mer avec des moyens aériens et navals. Entre le 07 et le 25 octobre 2020, au moins 5 pirogues ont été interceptées par la Marine nationale appuyée par la Gardia civile espagnole et des piroguiers sénégalais. 388 personnes ont été secourues, selon les autorités sénégalaises. Des centaines de migrants sénégalais sont par ailleurs décédés ou disparus en mer depuis quelques mois.
