Allié historique de l’Arabie saoudite et membre de la coalition antiterroriste de 34 Etats formée par Riyad, le Sénégal ne peut que soutenir le pays qui abrite les deux lieux les plus sacrés de l’Islam formée à savoir la Mecque et Médine où repose le prophète Mohamed.
Violation flagrante des règles diplomatiques
Du reste la cohérence diplomatique et la logique politique obligent le Sénégal, dans ce cas précis. Certes comment ne pas condamner l’incendie volontaire d’une ambassade – celle de l’Arabie saoudite à Téhéran – et d’un consulat – celui du régime wahhabite à Machhad ? Chacun de ces faits est une violation flagrante de toutes les conventions et règles régissant les relations diplomatiques entre pays civilisés.
L’ambassadeur d’Iran convoqué
Qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit de l’action sauvage de jeunes incontrôlés. Le régime chiite iranien a tous les moyens d’empêcher un tel dérapage. Il a simplement choisi de regarder ailleurs.
C’est cette attitude inacceptable que le gouvernement du Sénégal – pays dont la diplomatie est une référence dans le monde depuis plus de cinquante ans – a mise à l’index. La convocation de l’ambassadeur iranien par le ministre sénégalais des affaires étrangères est un acte de souveraineté fort et mesuré tout à la fois. C’est un message clair envoyé à Téhéran, d’une manière ferme et respectueuse.
Relations suivies avec Riyad, confiance écornée avec Téhéran
Les relations entre Dakar et Riyad sont historiques et sans anicroche aucune. Les deux pays sont amis et les deux peuples frères dans la Oummah – la nationmusulmane. Les choix politiques et diplomatiques se conjuguent et la coopération bilatérale le prouve éloquemment.
Il n’y a pas de parallèle avec les relations sénégalo-iraniennes. L’envoi d’armes à la rébellion casamançaise qui avait forcé le régime du président Wade à rompre les relations diplomatiques avec l’Iran a brisé une confiance que le temps n’a pas encore ramenée.
Les attaques subies par les représentations diplomatiques saoudiennes et la rupture subséquente des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran ne vont pas accélérer le processus. Au contraire, la prudence qui était de mise va être renforcée.
Une diplomatie incarnée au service de l’efficacité
Ceux qui prônent une diplomatie neutre sont hors sujet. La diplomatie a intégré la défense des intérêts bien compris d’un pays, en privilégiant certes le dialogue et la concertation. Mais si la courtoisie est toujours de mise, la franchise doit l’être aussi. C’est le prix de l’efficacité, objectif premier de l’action politique.
Une diplomatie désincarnée, hors sol et accommodante avec tout le monde serait une caricature. Elle ne serait respectée par personne et serait donc totalement inefficace.
L’option sénégalaise est citée en référence parce qu’elle est pertinente, crédible et conséquente.
A-A. S. Expert en Relations internationale.