De nombreux opposants sénégalais assommés par les défaites retentissantes du référendum de 2016 et surtout des législatives de 2017 essaient de « rebondir » en ciblant le « mal absolu » que serait la nomination de Aliou Sall à la caisse de dépôts et consignations. Cette nomination banale à la tête d’une structure, certes importante mais qui n’est ni un ministère régalien, ni un département ministériel ordinaire, n’aurait dû susciter aucun tollé dans un pays démocratique de longue date comme le Sénégal.

Comme les nominations successives des enfants de Donald Trump : Eric Trump, Ivanka Trump et son beau fils Jared Kushner ont été acceptées largement aux USA, pays de référence dans la pratique démocratique. Dans les années 6O, le président John Kennedy avait nommé ministre de la justice son frère Robert Kennedy et personne n’y avait trouvé à redire.

En Côte d’Ivoire, le frère du président Alassane Ouattara, surnommé « photocopie » (tellement leur ressemblance est frappante ) est l’une des chevilles ouvrières du Palais présidentiel et aucun ivoirien n’a jamais décrié le choix du chef de l’Etat ivoirien dans ce domaine précis.

Pour en revenir au Sénégal Senghor avait nommé ministre son neveu Adrien Senghor et Abdou Diouf avait nommé ministre son frère Maguette Diouf. L’avènement à la magistrature suprême de quelqu’un ne frappe pas les membres de sa famille d’inéligibilité et ne les empêche pas d’être nommés à des postes comme tous les autres citoyens. S’ils en ont les compétences.

Aliou Sall fait de la politique et s’est fait élire maire de Guédiawaye tout seul. Son ancrage dans cette ville de banlieue a été confirmé pendant les législatives où il a fait gagner la coalition présidentielle de manière éclatante dans cette localité. Malick Gakou qui l’avait défié a mordu la poussière et était resté aphone depuis.

Homme politique ayant conquis ses galons sur le terrain, Aliou Sall est aussi un cadre bien formé. Le journaliste qu’il était a continué ses études dans des domaines variés comme le management business administration, le droit et les sciences politiques. Il maitrise parfaitement les techniques de gestion indispensables pour être performant à son nouveau poste à la caisse des dépôts et consignations. Il est un homme intègre et un père de famille responsable.

Ceux qui le dénigrent font de la politique politicienne et de la manière la plus lâche qui soit en accusant quelqu’un de « délit de consanguinité », « fratrie » voire de « naissance », bref « d’être » au sens où personne ne peut changer ni son père ni sa mère, ni ses frères et sœurs. On peut certes les renier mais l’ADN demeure pour toujours.

Quand le peuple choisit un leader, par un vote démocratique libre et transparent, il a parfaitement conscience de ses liens de sang et n’exige pas qu’il les défassent. Ce serait lui demander l’impossible.

Macky Sall est chef de l’Etat depuis plus de 5 ans et aucune des dérives constatées avec Abdoulaye Wade, son fils Karim, sa femme Viviane et sa fille Sindiély ne s’est produite sous son magistère. Aucune volonté de dévolution monarchique du pouvoir ne s’est manifestée sous aucune forme que ce soit. Aliou Sall n’a pas été nommé « ministre du ciel et de la terre » comme Karim Wade. Il n’est même pas ministre et Dieu sait qu’il en a les capacités et la rigueur morale. Il pouvait se faire élire député mais a respecté les investitures décidées par Macky Sall qui ne l’a pas choisi.

Est-il juste qu’il soit, à chaque fois, puni et écarté du fait de ses « liens de sang » avec le président de son parti APR ? Non ! Il est un citoyen comme les autres et un militant méritant qui a réussi à s’implanter et à consolider son fief politique de Guédiawaye.

La chasse aux sorcières des opposants est un exercice puéril, un acte de lâcheté politique, une dérive lamentable qui n’a jamais prospéré au Sénégal. Ni dans aucun autre pays démocratique de référence !

Ségolène Royal, ex-compagne du président François Hollande a été un de ses ministres le plus en vue sans qu’aucun politicien français ne s’en offusque. Car sa compétence est avérée et sa carrière politique connue et reconnue de tous.

Aliou Sall est dans une dynamique saine qui lui permet d’agir et de progresser dans un contexte exigeant, parfois frustrant mais où il peut faire reconnaître et apprécier son talent et ses mérites. La démocratie sénégalaise est à une étape de sa croissance où elle dépasse certaines considérations propres aux esprits étriqués et que les hommes et les femmes démocrates authentiques ignorent royalement.

Cette immense majorité de la population n’instruira aucun procès en sorcellerie contre quelqu’un accusé de manière absurde. Les opposants vont se lasser de décocher des coups dans le vide et finiront, en voyant Aliou Sall s’acquitter avec succès de ses nouvelles tâches, par reconnaître l’inanité de leur action de diabolisation. Macky Sall a fait preuve de courage politique car il ne pouvait pas continuer à interdire « toute ambition » à son frère.

Son geste est aux antipodes du népotisme sinon il l’aurait nommé ministre. Les partisans de Wade ou de Khalifa Sall devraient être moins démagogues car en matière de népotisme ils ont battu tous les records. Karim Wade est sans égal et va le rester.

Mais à la mairie de Dakar les listes d’émargement seraient très intéressants à lire avec beaucoup d’attention pour pouvoir les décrypter. Une telle opération pousserait beaucoup d’inquisiteurs actuellement déchaînés à faire vœu de silence.