Depuis quelques jours, c’est une « affaire de plainte pour viol » qui fait le buzz au Sénégal. Elle met en scène le député, Ousmane Sonko, et une jeune femme nommée, Adji Sarr. Cette dernière accusant le premier de l’avoir violée dans un salon de massage. L’ « affaire » prend une grande ampleur du fait que Sonko était arrivé troisième de la présidentielle de 2019 et qu’il s’est adressé aux médias pour en parler. Il est vrai qu’il avait été convoqué, auparavant, par les enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie. Craignant d’être arrêté, il a parlé de « mortel combat » et a accusé publiquement le chef de l’Etat du Sénégal.

Ses partisans ont pris d’assaut sa demeure et une confrontation avec les forces de l’ordre s’en est suivie, ayant causé des blessures à des personnes et de nombreux dégâts sur les biens dans le quartier « Cité Gorgui » de Dakar où réside Sonko. Les esprits se sont calmés et la procédure judiciaire suit son cours :S onko étant député a choisi de jouir de ses droits et donc de ne répondre que si son immunité parlementaire est levée. L’Assemblée nationale, saisie par les autorités judiciaires, a entamé l’action procédurale pour lever ou non l’immunité du député concerné.

première remarque : Le députe Sonko pouvait aller répondre à la convocation tout simplement et donner sa version des faits. il a choisi la politisation de l’affaire. Pourquoi ? Il se dit victime d’une cabale ?
première question : qui l’a emmené dans ce salon de massage ? ceux qui ont ourdi la cabale ? sachant être attendu au coin du bois, pourquoi a-t-il agi avec autant de légèreté ? sortir à 22h, pendant un couvre-feu (même s’il en a l’autorisation), seul pour aller dans un salon de massage ? Dans son intervention télévisée, il a argué de sa maladie et de ses difficultés financières pour expliquer le choix d’un salon plutôt que celui d’un cabinet de kinésithérapeute. Ses contradicteurs lui ont fait remarquer qu’il est pris en charge, à 80% par l’Assemblée nationale. Il répond qu’il ne fait pas confiance à l’Assemblée nationale ? Curieux ? C’est lui qui choisirait où il irait, soit un cabinet privé, soit dans un hôpital ?
Conclusion logique : La présence de Sonko dans ce salon, à cette heure est inexplicable rationnellement, sauf à admettre une option personnelle au-delà du thérapeutique. Sur ce point, la volonté de masquer la réalité soulève bien des soupçons. Sonko homme marié, polygame qui se targue d’être un musulman rigoureux, a fait un faux pas pour ne pas dire plus. Maintenant le débat n’est pas là ; il est de savoir s’il a violé ou non Adji Sarr.

La justice le dira, après l’examen des faits, la confrontation entre les protagonistes et les interventions des avocats des deux parties. Pour le moment donc, tout le monde doit savoir raison garder et s’en tenir aux faits connus et retenus que personne ne peut contester.

Sonko est bien allé dans ce salon où il a rencontré Adji Sarr, nuitamment. Évidemment, une histoire de cette nature alimente toutes sortes de fantasmes dont sont friands beaucoup de personnes sous toutes les latitudes. Ce n’est pas un hasard si les journaux à sensation se vendent si bien. La crise de la presse écrite, ils ne connaissent pas. Le mélange est d’autant plus détonnant que la politique s’en mêle, la polygamie et le rigorisme islamiste. Dans ce contexte spécifique, vouloir laver Sonko plus blanc que blanc est un effort voué à l’échec.

La politisation à outrance cache mal un embarras qu’il faut, objectivement, reconnaître pour soutenir une argumentation crédible. Voir quelques vandales agir à Dakar et de manière localisée, ensuite à Bignona et ailleurs, pour en conclure à un « soulèvement » populaire ; il y a un pas, que seul des esprits torturés -qui prennent leur désir pour la réalité- osent franchir. L’Etat travaille à contenir la pandémie de la Covid19 et à acheter des vaccins pour protéger la population. C’est sa tâche de l’heure, non de gérer les problèmes de libido de qui que ce soit.

 

Lorsqu’il y a problème ;il faut avoir le courage de l’affronter. Non de se réfugier dans des argumentations ridicules. Il y un « analyste » qui demande de « ne pas désespérer Bignona » ? il faudrait donc empêcher l’action judiciaire. Sonko est-il plus citoyen que Adji Sarr ? En disant cela, l’ « analyste » accepte la primauté de la politique sur tout et, écarte, par là-même, l’indépendance de la justice qu’exige l’Etat de droit.

Il veut une chose et son contraire. A Bignona comme à Dakar ou Fongolembi, l’Etat de droit s’impose et les rebelles seront traqués et réduits.  Analyser c’est une chose ; courber l’échine en est une autre. Sonko n’a pas plus de militants que BBY, même pas autant que le PDS ou Khalifa Sall. Et pourtant quand la main de la justice a frappé Karim Wade et Khalifa Sall, le soleil ne s’est levé ni à l’Ouest ni au Sud. Sonko et ses partisans ont intérêt à trouver d’excellents avocats, non à compter sur un « ouragan politique ».

Cela ne se décrète pas ! Cette « affaire » est privée et doit le rester.