Le maire de Dakar est certes victime de ses propres actes mais aussi du comportement incohérent de ses amis opposants et avocats défenseurs. Les uns et les autres ont multiplié les effets d’annonce au lieu de se pencher sur une stratégie efficace pour défendre Khalifa Sall.
Les avocats ont saisi de multiples fois les différentes juridictions pour demander « la libération pure et simple de leur client ». Cette démarche n’est ni lucide ni pertinente.
Dès le début de l’affaire, il fallait transiger et payer la caution pour, au moins obtenir la liberté provisoire. Mais des avocats plus forts en « conférence de presse » qu’en analyse de dossiers judiciaires ont opté pour le « plaider-presse ». Quitte à se payer de mots et à subir échec après échec auprès des juges en charge de l’affaire Khalifa Sall. Qu’il s’agisse du doyen des juges ou encore de la Cour suprême.
Au lieu de changer leur fusil d’épaule et de faire une analyse concrète de la réalité concrète ils ont persisté dans l’erreur. Jusqu’à décider que : « Khalifa Sall ne répondrait pas à une convocation de la commission ad hoc de l’Assemblée nationale chargée d’examiner son dossier en vue de la levée de son immunité ou pas ». Ils ont ainsi fait perdre à leur client une bonne occasion de s’exprimer en public(devant la commission ad hoc) et de plaider en sa propre faveur. Comment ne pas saisir une telle opportunité ?
Maintenant le choix absurde de demander à l’Assemblée nationale de « demander la suspension des poursuites contre Khalifa Sall » révèle le déni de réalité qui mine l’esprit des amis et avocats du maire de Dakar. En effet pourquoi une Assemblée nationale où les partisans de Khalifa Sall sont ultra-minoritaires choisirait-elle de rouler pour lui ? Lui qui a combattu la majorité et qui a été battu largement lors des législatives.
Et puis et surtout les faits reprochés au maire de Dakar sont très graves : détournements de deniers publics à hauteur d’un milliard 800 milles francs CFA lui qui a été accusé, entendu et placé en mandat de dépôt longtemps avant d’être élu député. Il n’avait aucune immunité alors.
C’est assurément pour respecter la légalité, dans toutes ses dimensions que la justice sénégalaise agit comme elle le fait. Les avocats et les soutiens du maire de Dakar ne sont pas stupides cependant. Ils savent très bien que celui-ci est dans de sales draps par ses propres dérives. Pour sa défense, dès le début de l’affaire il avait affirmé que « cela se faisait depuis Lamine Guèye ». Une action délictueuse aussi ancienne soit-elle reste délictueuse. Les délits ne sont pas des vins qui se bonifient avec le temps.
La vérité va donc jaillir du procès qui s’impose. Dans l’intérêt de tous ! Si Khalifa Sall est innocent il pourra le prouver dans le temple de Thémis. La levée de son immunité va donc, si elle est votée par la majorité parlementaire, lui permettre de se défendre face à la justice.
Il n’a rien à craindre s’il peut prouver qu’il n’a pas détourné des deniers publics avec la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Même si les achats de mil, par exemple, ont été démentis par les personnes responsables de dépôts de la mairie. Même si une personne a reconnu avoir fait des fausses factures pour les achats de mil et d’autres denrées déclarées.
Les charges sont lourdes et les arguments de la défense faibles. Une fois le feuilleton de la levée de l’immunité bouclé, les avocats auront l’obligation de trouver autre chose de crédible pour défendre leur client. En sont-ils capables ? Les paris sont ouverts.