C’est parti. Contrairement aux propos tenus par Ousman Sonko à Mbour lors de son meeting de ce lundi passé, le gouvernement a décidé de renouveler les licences de pêche. Ces renouvellements seront précédés d’une évaluation proposée par la partie européenne.
Alors qu’elle venait d’être nommée, madame le ministre de la pêche avait suspendu toutes les licences avant de revenir sur cette décision.
Lors de sa visite au Sénégal le 23 Mai 2024, à sa sortie d’audience avec le président Diomaye Faye et avec le premier ministre Ousmane Sonko, Charles Michel a posté ce tweet:
“Le 23 avril 2024, Au travail avec Président @PR_Diomaye sur notre partenariat :
📍s’investir avec la jeunesse pour l’éducation, la formation et la création d’emplois
📍transition énergétique juste
📍agriculture et pêche
📍santé et production de vaccins
“Notre dialogue politique avance sur l’approfondissement de notre coopération sur la sécurité et stabilité ainsi que sur une gestion partagée des migrations” a-t-il écrit.
Comme on peut le constater, le troisième point de ses échanges avec le président et son premier ministre porte sur la pêche.
C’est ainsi qu’après, l’avenant signé en 2019 et qui prend fin en novembre 2024, le gouvernement va poursuivre son partenaire avec l’UE. Les licences vont être attribuées aux pêcheurs de l’Union européenne. Des sources annoncent l’arrivée des navires russes et chinois. Mme Yacine Fall ministre des affaires étrangères du Sénégal aurait pris cet engagement lors de sa visite à Moscou et à Pékin.
Ce partenariat dans le domaine de la pêche durable (APPD) avec l’Union européenne concerne plusieurs pays partenaires, dont le Sénégal.
Dans un document publié par l’Union européenne, il est précisé que concernant le Sénégal, “les navires de l’UE sont uniquement autorisés à cibler les ressources excédentaires que le Sénégal ne souhaite pas ou ne peut pas exploiter, c’est-à-dire les thons tropicaux et le merlu noir. Il n’est pas question d’exploiter les ressources côtières que ciblent habituellement les flottes de pêche artisanales sénégalaises”. Pour les licences attribuées aux navires européens, “l’UE paie une redevance pour le droit d’accéder à la zone économique exclusive (ZEE) du pays partenaire, comme le Sénégal, ainsi qu’un soutien sectoriel adapté à ses besoins. Les armateurs européens versent également aux États partenaires une contribution financière basée sur la prise de licences de pêche et sur les captures réalisées dans leurs eaux”
“L’APPD entre le Sénégal et l’UE a été négocié de façon à ce que les activités des flottes européennes n’interfèrent pas avec les flottes artisanales nationales. Plus précisément, les navires de l’UE ne peuvent pêcher que 2 types de ressources au Sénégal : les thons tropicaux et le merlu noir qui ne sont pas des espèces ciblées par les pêcheurs artisans sénégalais” rassurent les européens.
Il a été précisé que, “l’évaluation des stocks halieutiques et la fixation des mesures de gestion sont fondées sur les travaux scientifiques menés dans le cadre des ORGP ainsi que sur la coopération scientifique entre le Sénégal et l’UE menée au sein d’un comité scientifique conjoint”.
D’ailleurs, ce comité est composé de scientifiques sénégalais (du Centre de Recherche Océanographique de Dakar Thiaroye, CRODT). Il est chargé de suivre l’état des stocks halieutiques, afin de garantir la mise en oeuvre durable de l’APPD.
Rappelons qu’en 2023, “les captures des navires européens pêchant au Sénégal ont été, en 2023, de 2000 t de thons tropicaux et de 1 000 t de merlu, soit en tout moins de 1 % des captures totales au Sénégal, toutes flottes confondues. Ces données peuvent être comparées aux captures annuelles de la pêche artisanale qui sont de l’ordre de 400 000 t par an ces dernières années” lit on sur le site de l’UE.
Le document précise que “les navires européens pêchent bien au-delà de la zone réservée à la pêche artisanale. Le protocole en vigueur fixe de façon très précise la zone de pêche à laquelle les navires de l’UE ont accès. Elle est strictement identique au zonage prévu par la réglementation sénégalaise”.
Le Sénégal est un partenaire de longue date de l’Union européenne dans le secteur de la pêche. Un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable (APPD) a été conclu entre le Sénégal et l’UE en 2014. Le protocole actuel (2019-2024) expire en novembre 2024 et son renouvellement sera évalué conformément à la politique de tolérance zéro de l’UE à l’égard de la pêche INN.
Aujourd’hui, le gouvernement du Sénégal n’a fourni aucune information aux pêcheurs sur ce projet de renouvellement des licences. Les pêcheurs ne sont pas non ni informés ni associés dans la prise de décision. Ils sont aussi écartés des réunions d’évaluation. Donc après les navires européens, les pêcheurs sénégalais auront à faire avec les russes et les chinois.
Rappelons qu’en contrepartie, le Sénégal a sollicité de l’Union européenne un soutien militaire pour lutter contre l’insécurité au niveau de nos frontières avec le Mali. Donc, on peut s’attendre au retour du Groupe d’Action Rapide pour la Surveillance et l’Intervention (GARSI) financé à hauteur de 4,7 milliards de francs cfa. Ce sera sécurité contre licence de pêche.