En promettant de réduire son mandat une fois élu, Macky Sall était dans l’euphorie.
Seule la victoire lui importait. Il n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles et détrôner l’ancien président Abdoulaye Wade valait bien toutes les promesses.

Demande sociale insatisfaite au gré des années

Mais voilà, les années passent vite. Très vite. Les douze ans de Wade sont de l’histoire ancienne. Macky est déjà président depuis trois ans et demi. Si le quinquennat est envisagé, le rendez-vous des urnes arrive au galop et le bilan est encore maigre.
Impossible de l’étoffer sérieusement d’ici la fin de 2016. Trop de chantiers non démarrés et/ou à l’arrêt, eau et électricité toujours en panne, le panier de la ménagère plus percé que jamais, Gorgorlou plus conjoncturé que d’habitude…
Bref, la demande sociale est plus pressante…et insoluble.

Jouer la montre et compter sur la chance

Que faire ?
Macky Sall, ancien étudiant maoiste, veut jouer la montre. Gagner du temps pour gonfler son bilan. Et puis, qui sait ? par miracle pourrait toujours survenir la découverte de mines de diamant, de coltan, etc.
Macky La Chance a raison d’y croire car son avènement relève bien d’une bonne fortune inouie. Cependant il doit savoir aussi que la chance est une maitresse infidèle, surtout si on ne la cajole pas en choisissant des collaborateurs compétents et si l’on ne fait pas preuve d’autorité et de leadership. Si on laisse son entourage semer la pagaille et son parti se transformer en foire d’empoigne. Et encore si comme dit Jean-Christophe Rufin – ancien ambassadeur de France à Dakar – on ne se rend pas indispensable dans certaines circonstances. Quand on veut ménager le chou et la chèvre et contenter tout le monde.

Wax Waxeet et conséquences

La vérité est que Macky Sall a un problème avec Sall Macky. L’homme doit se faire violence s’il ne veut pas finir par être le seul président sénégalais qui n’aura fait qu’un seul mandat.

Le choix de 2019 est risqué car si l’opposition arrive à s’unir pour dénoncer le « wax waxeet » de Macky, tout peut arriver.
Si par ailleurs la rue s’embrase et qu’étudiants, professeurs et travailleurs s’en mêlent…

Les transhumants n’ont aucun poids électoral. Leur démarche est purement politicienne comme celle de Macky lui-même. Convoquer la morale dans ce débat serait ainsi une faute d’analyse politique.
C’est la question ultime de l’efficacité qui se pose, et elle disqualifie d’office ce type d’approche.

Macky joue donc avec le feu. A ses risques et périls.

 

S. T.