Le président rwandais entame une visite de deux jours dans le royaume chérifien à partir d’aujourd’hui. Cette visite est une première pour un chef d’Etat rwandais. Elle est le signe d’une ouverture diplomatique de la part de Rabat envers les pays d’Afrique de l’Est.

Nouvel intérêt de l’est du continent

En effet cette partie du continent avait jusqu’ici peu attiré le Maroc dans sa stratégie d’expansion économique et diplomatique en Afrique. L’Ouest était privilégié avec des résultats spectaculaires comme en attestent l’implantation des banques chérifiennes, les sociétés de construction immobilières et autres.

Mais comme on peut le constater, l’engagement marocain en Afrique est le fruit d’une vision et d’un déploiement stratégique global.

Le roi Mohammed VI a été à bonne école avec son père le roi Hassan II et il a aujourd’hui fini de s’imposer comme un des leaders d’envergure du continent.

C’est pourquoi la question de l’Union Africaine se pose car depuis 1984 le royaume chérifien a quitté l’organisation pour dénoncer l’admission du Polisario en son sein à la suite d’une manœuvre politicienne qui n’a pas servi les intérêts bien compris de l’OUA d’alors.

Kagamé, incontournable sur le chemin de l’UA

C’est pourquoi la visite de Kagamé est particulièrement importante sur le plan diplomatique car son pays va abriter du 10 au 18 juillet le sommet de l’UA.

L’appui du Rwanda, pays respecté en Afrique de l’Est et dont le leader est entrain de réussir à transformer un petit Etat en pays en voie de décollage économique – notamment sur le plan du numérique – sera très précieux. Paul Kagamé, certes critiqué pour son autoritarisme, n’en reste pas moins porté par ses succès économiques et la solidité de son armée. Il est incontournable dans la sous-région.

Dans son offensive politique et diplomatique, Rabat fait donc le bon choix pour informer les Etats de l’Afrique de l’Est sur la situation réelle dans le Sahara marocain et les propositions faites pour trouver une solution réaliste et acceptable.

Si les leaders de cette partie du continent sont édifiés sur ce sujet, tout laisse croire qu’ils vont appuyer la position du royaume chérifien et plaider pour son grand retour au sein de l’UA.

Un agenda panafricain clair

En effet aucune logique politique favorable à l’unité africaine ne peut pousser à privilégier « une république arabe sahraouie » virtuelle à un Etat comme le Maroc dont le poids politique et économique, mais aussi l’influence diplomatique, s’imposent dans tout le continent et dans le monde entier.

L’UA sans le Maroc est amputée d’un pays africain majeur dont l’action est magnifiée sur tous les plans. La récente mise sur pied de la Fondation des oulémas africains par le roi Mohammed VI témoigne encore une fois de la force de frappe politique du royaume. Trente et un Etats africains de toutes les zones géographiques continentales ont accepté de participer à cette initiative, y compris le Nigeria, première puissance économique et démographique africaine.

Le roi du Maroc a réussi ainsi un véritable tour de force politique. Le monarque chérifien a un agenda panafricain clair. Le Maroc est enraciné en Afrique et s’y déploie dans tous les domaines et entend occuper la place éminente qui lui revient de droit et que son poids politique et économique, son influence culturelle et diplomatique lui octroient.

Ce choix est conséquent et payant et fait de Rabat une capitale diplomatique africaine incontournable.

 

 

Crédit image : A gauche, Paul Kagamé, président du Rwanda © ITU/J.Ohle, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons. | A droite, la roi Mohammed VI du Maroc.