Le génocide Rwandais avait fait des milliers de victimes

Un des quatre derniers fugitifs recherchés pour leur rôle dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, Fulgence Kayishema, a été arrêté mercredi en Afrique du Sud et sera jugé, ont annoncé jeudi les procureurs de l’ONU.

Fulgence Kayishema est notamment accusé d’avoir assassiné, avec d’autres individus, plus de 2000 hommes, femmes, personnes âgées et enfants réfugiés dans l’église de Nyange vers ou le 15 avril 1994.

Il « a été arrêté hier après-midi » (mercredi), ont indiqué les procureurs du Mécanisme international chargé d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

 

Recherché pour son rôle dans le génocide de 100 jours qui avait causé la mort de 800.000 Tutsi et Hutu modérés, Fulgence Kayishema était en fuite depuis 2001, ont-ils souligné dans un communiqué.

 

Ancien inspecteur de police né en 1961 selon le tribunal, il a été inculpé de génocide, complicité de génocide, complot en vue de commettre le génocide et de crimes contre l’humanité.

 

« L’arrestation de M. Kayishema envoie un message puissant selon lequel ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis de tels crimes ne peuvent pas échapper à la justice et seront finalement tenus pour responsables, encore plus d’un quart de siècle plus tard », a déclaré le porte-parole du secrétaire de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué.

 

Un des cerveaux du « massacre » de l’église de Nyange

Le suspect, appréhendé dans une ferme viticole à Paarl, à environ 60 kilomètres du Cap, vivait sous le faux nom de Donatien Nibashumba, a précisé la police sud-africaine. L’accusé a « directement participé à la planification et à l’exécution » du « massacre » de l’église de Nyange, dans la commune de Kivumu, « notamment en se procurant et en distribuant de l’essence pour incendier l’église avec les réfugiés à l’intérieur », selon les procureurs.

 

« Lorsque cela a échoué, M. Kayishema et d’autres ont utilisé un bulldozer pour que l’église s’effondre, enterrant et tuant les réfugiés à l’intérieur », ont-ils précisé. Dans les jours qui suivirent, l’accusé et d’autres personnes auraient selon l’accusation supervisé le transfert des cadavres depuis l’église vers des fosses communes.

 

« Les survivants du génocide se sont efforcés de montrer ses crimes et d’appeler à son arrestation », a déclaré à l’AFP Naphtali Ahishakiye, secrétaire exécutif de l’association faîtière de survivants Ibuka.

 

Fulgence Kayishema a utilisé de nombreux alias et faux documents et s’est appuyé « sur un réseau de soutiens de confiance » pour dissimuler son identité et sa localisation, selon les procureurs. Ce réseau se composait notamment de parents, de membres des ex-Forces armées rwandaises et des Forces démocratiques de libération du Rwanda, « ainsi que des partisans de l’idéologie génocidaire du Hutu Power ».