Le président Denis Sassou Nguesso a reçu, en audience, le Président de la Commission de l’Union africaine(UA), Moussa Faki, hier dans son fief d’Oyo.

Le chef de l’Etat congolais agit en tant que Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale,(CEEAC).

Nguesso et Faki ont fait le point de la situation politique tchadienne à la suite du décès brutal d’Idriss Déby.

La disparition de Déby laisse un grand vide dans cette partie du continent confrontée à des défis sécuritaires, économiques, sanitaires et politiques.

La fragilité qui caractérise le Tchad post-Déby est potentiellement déstabilisatrice pour toute la région déjà secouée par la guérilla politico-jihadiste qui sévit en République centrafricaine, mais aussi les attaques récurrentes de Boko Haram au Tchad et au Cameroun.

L’UA a envoyé une « Mission d’enquête et d’évaluation » sur place dont l’objectif, selon Faki,est de « mettre en place un dispositif pour que progressivement le pays renoue avec la légalité constitutionnelle ».

Le problème de Faki, c’est qu’il est lui-même tchadien et que l’UA est dans l’obligation de suspendre et/ou d’exclure tout pays où se produit un coup d’Etat.

Avec la « Mission » en cours, il cherche à gagner du temps pour éviter que le couperet ne tombe sur les nouvelles autorités de Ndjamena, qui sont de plus en plus isolées sur la scène internationale.

L’ONU s’est prononcée pour demander  la restauration des institutions légales dissoutes par la Junte.

Celle-ci vient de nommer un Premier ministre qui a appelé à l’union nationale face à la montée des périls.

Ce dernier est peu crédible dans ce rôle, car il avait déjà été Premier ministre de Déby père.

Et son appel risque de rester lettre morte.

Les heurts violents se poursuivent entre militaires et manifestants, mais aussi les combats dans la région du Kanem contre les rebelles qui ont tué le président Déby.

L’intransigeance de Déby fils face aux rebelles-qui avaient indiqué qu’ils étaient disposés à participer à un gouvernement civil-ferme la porte à toute réconciliation  nationale.

Il s’y ajoute que la position de fermeté de la Junte est écornée par le « rétropédalage » du président Macron qui s’est démarqué publiquement de tout « plan de succession ».

Dans ce contexte politique, Sassou Nguesso peut être un recours pour calmer les esprits.

Il a son expérience militaire qui en impose et sa stature politique aussi.

Le chemin de Oyo pourrait être ouvert aux protagonistes du conflit tchadien qu’il urge de circonscrire pour éviter un nouveau feu de brousse dans une zone où les braises restent incandescentes, de la forêt au désert.