La volte-face du parti socialiste français qui demande le report de l’élection présidentielle au Congo-Brazzaville prévue le 20 mars serait à magnifier si elle n’avait pas eu lieu aussi tardivement. Et tout laisse croire que ce sera un coup d’épée dans l’eau.

Fraude électorale massive ?

Comment en serait-il autrement alors que le président Denis Sassou Nguesso a eu la bénédiction du président François Hollande lorsqu’il a organisé son référendum-mascarade le 25 octobre 2015 pour faire valider une nouvelle constitution qui lui permet de pouvoir briguer un troisième mandat.
On se rappelle de la déclaration sybilline du président Hollande qui valait soutien déguisé à l’homme fort du Congo-Brazzaville. Celui-ci ne s’est pas fait prier pour sortir de son chapeau un taux de participation de 72 % et un vote pour le « oui » de 92,96 %, chiffre précis et ridicule. Car le boycott des opposants et le peu d’intérêt suscité par le référendum au niveau des citoyens congolais mettent à nu une fraude électorale massive.

Plier l’affaire

Sassou Nguesso qui a régné sur son pays de 1979 à 1992 et qui a quitté le pouvoir pendant cinq ans avant de le reconquérir par les armes en 1997 n’a jamais reculé devant rien pour rester le chef incontesté. Ce n’est pas cette gesticulation tardive du PS français qui le fera vaciller. S’il a anticipé le scrutin c’est qu’il est sûr de son affaire et voudrait la plier le plus vite possible et renouveler son bail à la tête de l’Etat de manière formelle pour un nouveau quinquennat.

La situation politique et militaire sur le terrain lui est favorable. L’opposition est très affaiblie, minée par des querelles de leadership avec des dirigeants peu crédibles. Le général Mokoko qui sort du lot fait l’objet de harcèlements permanents de la part du pouvoir.

Sassou n’en a cure

Il est vrai ,comme l’affirme le PS français que les conditions ne sont pas réunies au Congo-Brazzaville pour organiser un scrutin démocratique, transparent et crédible.

Mais Sassou n’en a cure. Il continue d’ailleurs de narguer la justice française dans l’affaire dite des biens mal acquis où il est ciblé comme Obiang Mangué, deuxième vice-président de la Guinée-Equatoriale et feu Omar Bongo, ancien président du Gabon. Sassou bénéficie de solides soutiens en France et en Afrique.
Il s’y ajoute qu’en Afrique centrale la démocratie ne s’impose nulle part. Idriss Déby est au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, idem pour Paul Biya, Yoweri Museveni qui vient d’être réelu, et Obiang Nguéma de la Guinée-Equatoriale bat tous les records avec trente-sept ans de pouvoir et un énième mandat en vue.

Pas de réelle suite envisageable

Sassou ne va pas accepter d’être l’exception à la règle.
Si le PS français veut vraiment l’ébranler, il devra mener une campagne d’envergure contre lui. En a-t-il les moyens et la volonté politique ?

 

 

Crédit image : Logo et copyright Parti socialiste français.