Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé mardi qu’il allait accroître son aide pour secourir 300.000 déplacés en Ituri, une province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans cette région, des violences en juin ont fait fuir des dizaines de milliers de personnes.
« Dans la province de l’Ituri, touchée également par le virus Ebola, le PAM va tripler le nombre de déplacés qui reçoivent une aide alimentaire ou une aide financière », pour assister 300.000 personnes contre 116.000 actuellement, a déclaré un porte-parole de l’agence de l’ONU, Herve Verhoosel, lors d’un point de presse à Genève.
Du 10 au 12 juin, des violences dans le territoire de Djugu, en Ituri, ont fait au moins 160 morts selon le bilan des autorités de la province et 300.000 personnes ont fui cette flambée de violences, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
« Cette cruauté insensée survient juste au moment des récoltes. De nombreuses victimes de cette violence accrue souffrent de malnutrition et ont été contraintes de déménager à de nombreuses reprises », a expliqué le porte-parole du PAM, cité par l’AFP.
« Des évaluations récentes montrent que la faim s’aggrave énormément dans la province d’Ituri, en particulier dans les zones touchées par un conflit interethnique au cours de ces dernières années », a-t-il dit.
L’Ituri avait été le théâtre d’un conflit entre les communautés hema (éleveurs et commerçants) et lendu (agriculteurs) qui avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003 dans cette province riche en or, frontalière de l’Ouganda et du Soudan du Sud.
D’autres violences avaient éclaté en Ituri fin 2017-début 2018, entraînant des mouvements de population vers l’Ouganda, de l’autre côté du lac Albert. Selon le PAM, la crise alimentaire qui sévit en RDC est la deuxième plus importante au monde, juste derrière celle au Yémen.
L’Ituri est aussi touchée par la dernière épidémie d’Ebola en RDC qui a fait plus de 1.570 morts depuis août, principalement dans la province du Nord-Kivu voisine. Quelque 13 millions de Congolais vivent en insécurité alimentaire, dont 5 millions d’enfants, selon le PAM.