En pleine crise politique, le président de la République démocratique du Congo, Félix
Tshisekedi, a fermement mis en garde ses partenaires de la coalition au pouvoir, les
forces politiques de son prédécesseur Joseph Kabila, majoritaires au Parlement.
« Aucune majorité politique ou parlementaire, d’où qu’elle vienne, ne peut outrepasser les
principes fondateurs de la République », a déclaré le chef de l’Etat congolais dans une allocution télévisée, lundi 29 juin, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du 30 juin 1960.
Le chef de l’Etat issu de l’opposition a laissé entendre qu’il n’accepterait « sous aucun prétexte » une réforme du statut des magistrats très controversée que les députés pro-Kabila veulent faire adopter à l’Assemblée où ils ont la majorité. « Je n’accepterai sous aucun prétexte des réformes dans ce secteur qui, par leur nature et contenu, viendraient porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la justice », a-t-il prévenu.
Tshiskedi estime que « les réformes dans ce secteur doivent être dictées, non par le souci
d’assurer la protection d’une personne ou d’un groupe de personnes, mais plutôt par le souci d’apporter plus d’efficacité au fonctionnement de la justice ».
Deux députés du Front commun pour le Congo (FCC, le parti de M. Kabila) défendent trois
propositions de loi sur le statut des magistrats et l’organisation des juridictions. Le parti du
président Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a dénoncé un
danger pour « l’indépendance de la magistrature ».
La Conférence épiscopale et l’ambassade des Etats-Unis se sont également inquiétées pour l’indépendance de la justice. Ces trois propositions de loi ont provoqué une crise au sein de l’exécutif, où le Premier ministre et la majorité des ministres sont des membres du FCC de Kabila.
Samedi, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende (FCC) a été brièvement arrêté et entendu par le Parquet. Cette arrestation serait liée à un accrochage la veille en Conseil des ministres avec le chef de l’Etat, qui lui a reproché d’avoir transmis à l’Assemblée les avis du gouvernement sur les trois propositions de loi, sans consulter personne.