
Le prédécesseur du président Tshisekedi vient d’annoncer son prochain retour dans son pays.
Il justifie sa décision par le fait que la « situation sécuritaire s’est détériorée ».
Il accuse le pouvoir en place d’être responsable de cette situation.
Ainsi, Kabila avance à visage découvert, prêt à revenir dans le chaudron politique congolais qu’il avait quitté, après avoir été écarté de la présidentielle de 2018, qui sera remportée par Tshisekedi, toujours en poste.
À l’époque, l’opposant Fayulu, qui avait le vent en poupe, avait perdu face à une alliance de circonstance entre Kabila et Tshisekedi.
Aujourd’hui, tout laisse croire que les alliés d’hier se regardent en chiens de faïence.
Récemment, le président Tshisekedi avait dénoncé les accointances entre son prédécesseur et le mouvement rebelle du M23, qui sème violence et conquêtes territoriales au nord-est du Congo.
Curieusement, Kabila annonce son retour à partir de cette région du pays.
Il va donc quitter l’Afrique du Sud, où il résidait depuis deux ans, pour revenir dans son pays, en proie à une guerre qui a déjà fait des milliers de victimes et des centaines de milliers d’exilés, réfugiés et déplacés.
Sursaut patriotique ou nostalgie du pouvoir ?
Il faut préciser que Kabila est sénateur à vie et peut compter sur son parti (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie).
Le problème est que cette formation politique avait boycotté les dernières législatives, remportées largement par les partisans de Tshisekedi.
L’Assemblée issue de ces élections reste contestée, notamment par Kabila lui-même, qui ne reconnaît pas sa légitimité.
Le retour de l’ex-président sera donc celui d’un opposant radical, que son ex-allié devrait avoir toutes les raisons de craindre : il connaît le terrain politique, a des soutiens de taille et dispose d’une force de frappe financière.
Le curieux est qu’il revient quand les soldats sud-africains sont en train de plier bagages.
Quoi qu’il en soit, ce « come back » n’est pas pour favoriser le processus enclenché par la rencontre entre Tshisekedi et Kagame à Doha, au Qatar.
Il pourrait rebattre les cartes et ajouter de la confusion à une situation déjà obscure.
Les perspectives d’une paix globale négociée deviennent problématiques.
Et les déclarations croisées, si l’on peut dire, de Kabila et Tshisekedi ne sont pas rassurantes.
L’un accuse l’autre de connivence avec les rebelles qui brandissent l’étendard de la résistance.
La communauté internationale, qui s’était beaucoup investie pour faire accepter à Kabila son départ du pouvoir après 18 ans de règne, a une nouvelle équation à résoudre dans le dossier congolais.
Kabila peut-il justifier de manière convaincante son choix de revenir dans un pays en guerre ?
Non, sauf s’il devait assumer sa nostalgie du pouvoir et sa volonté de le reconquérir.
À ses risques et périls !
La paix au Congo, dans ce nouveau contexte, ne semble pas pour demain.
Kabila n’est pas une hirondelle qui annonce un printemps de paix et de réconciliation nationale.
Hélas !