Au lieu de s’atteler à trouver les voies et moyens pour sortir de la crise en accélérant le calendrier électoral, le régime choisit la fuite en avant dans la répression et la mise en place de mesures pour « cadenasser » le pays.

C’est dans cette perspective que le gouvernement a décidé un couvre-feu qui ne dit pas son nom : à partir de 18 heures, plus aucune circulation de véhicules non militaires et policiers n’est autorisée dans la capitale Kinshasa et ce jusqu’à 6 heures du matin.

Cela a été annoncé à la suite du conseil des ministres d’hier tenu en l’absence du président Joseph Kabila en déplacement aux USA. Il a aussi été décidé la fermeture des réseaux sociaux et les populations sont invitées à éviter les attroupements et «les débats politiques».

Ces mesures entrent en application dès demain (mercredi) et témoignent assurément d’une peur panique qui gagne le régime. Mais elles prouvent aussi que le pouvoir n’a pas d’autre volonté que de réprimer pour s’installer dans la durée.

La frilosité des partisans de Kabila se comprend car les tueries de lundi ont choqué les populations et creusé un fossé de plus en plus grand entre les citoyens et le régime.

Dans ce contexte, la décision de l’église de se retirer du « dialogue national » achève de décrédibiliser un pouvoir aux abois.

Le simulacre de dialogue national piloté par Edem Kodjo, un homme rejeté par la communauté internationale et qui ternit l’image de l’Union africaine a fait pschiit.

Kabila est mis à nu et son projet caché de confiscation du pouvoir au-delà du délai légal de son deuxième et dernier mandat éventé.

Il n’a plus qu’une solution : avancer à découvert comme un apprenti dictateur. Mais la question est de savoir s’il a les moyens de ses ambitions ? Rien n’est moins sûr.

Qu’il veuille singer ses voisins est parfaitement compréhensible; mais la lucidité devrait lui dessiller les yeux : il n’a pas leurs atouts. Son pays est trop grand, ses moyens limités, et l’implication de la communauté internationale importante, toutes choses qui limitent ses capacités d’action. Vouloir être dictateur est une chose; en avoir les moyens en est une autre.

Kabila serait-il dans le déni de réalité ? La réalité du terrain va s’imposer à lui.

Verrouiller toute la République Démocratique du CONGO est une tâche impossible.