L’affaire remonte à quelques jours seulement et tient en haleine les fidèles des églises évangéliques dites de « réveil » en Afrique. Accusé de viol, avortement et atteinte aux bonnes mœurs, le très charismatique pasteur et star de la musique religieuse en République démocratique du Congo, Moïse Mbiye est déjà de retour à Kinshasa et promet de nouveaux chants. A 39 ans, Il est le chef spirituel de la « Cité Béthel » fondée par son père Emmanuel. L’une de ces dizaines d’Eglises dérivées du culte protestant, où les fidèles expriment leur foi par des chants, des transes, et surtout des dons d’argent.
Selon plusieurs médias locaux, Moise Mbyie est à la tête d’une chaîne de télévision (Siloé TV). Ses louanges au Seigneur sont écoutées des millions de fois sur YouTube (21 millions de clics pour son clip Tango Naye (C’est son temps). Quand il se produit sur scène, l’homme de Dieu demande à ses fidèles entre 50 à 100 dollars pour célébrer avec lui la gloire de l’Éternel sur ses arrangements avec des choeurs féminins omniprésents. Le même tarif que pour les concerts des stars de la musique congolaise profane Koffi Olomide ou Fally Ipupa.
L’homme est accusé par l’une de ses ex-fidèles et collaboratrice, Éliane, 20 ans, de viol et avortement, interdit dans la loi congolaise. Le parquet de Kinshasa parle également d’une autre plainte pour diffusion sur les réseaux sociaux « d’images obscènes portant atteinte à la dignité de Mme Éliane Bafeno ». Des accusations loin d’influencer ses fidèles qui ont répondu présents de nouveau ce dimanche pour assister à ses messes-shows.
Le pasteur doit se présenter lundi au palais de justice, ont indiqué dimanche pendant le culte ses collaborateurs. Dans son prêche, l’homme de Dieu n’a pas fait d’allusion directe à l’affaire, sauf à interpréter ses paraboles bibliques. « Parfois, Dieu ne frappe pas dans le camp de tes adversaires car il a des âmes à sauver », a-t-il glissé. « J’ai commencé mon ministère dans le vent et la tempête, le diable n’a pas arrêté de me combattre. Et j’ai grandi dans le vent ».
La RDC compte plusieurs milliers d’églises évangéliques. Dans ce pays pauvre, les pasteurs et télévangélistes les plus en vue font étalage, lors de leurs prédications, de leurs richesses, beaux costumes, montres en or, voiture imposante, voyages à l’étranger. Ils se déplacent souvent en cortège de plusieurs jeeps, avec des policiers ou des militaires comme gardes du corps, rapporte l’AFP.
Lors des cultes, pour obtenir des bénédictions de Dieu, ces pasteurs font monter les enchères, en bénissant en priorité ceux qui versent les offrandes les plus importantes pour finir par ceux qui ne disposent que de 500 francs congolais (0,34 dollar). Des vendeurs d’espoirs et d’illusions, qui profitent de la naïveté et de la misère du peuple », pour le sociologue Léon Tsambu, professeur à l’université catholique du Congo, cité toujours par l’AFP.