Le président de la République Démocratique du Congo (RDC) semble peu pressé d’organiser les élections générales dans son pays que le délai constitutionnel impose de tenir d’ici la fin de l’année. Il use de moyens dilatoires et joue la montre.
Dialogue national et crise artificielle
Sa proposition de « dialogue national » est surréaliste car,après deux mandats, il n’a en principe plus le droit de se présenter. N’ayant pas le courage d’engager une révision constitutionnelle pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats à deux, il louvoie et cherche à semer le trouble au sein de l’opposition.
Dans ce contexte, la décision de l’Union Africaine (UA) d’envoyer Edem Kodjo, ancien Secretaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ex-premier ministre togolais et homme politique particulièrement intrigant, satisfait Kabila. Ce dernier cherche à créer une situation de crise artificielle qui nécessiterait une médiation internationale. Il n’en est pourtant rien.
Kabila doit simplement accepter la réalité constitutionnelle et se mettre au travail pour que des élections libres, démocratiques et transparentes soient organisées avant la fin de l’année.
Le syndrome de la réforme constitutionnelle
Mais les exemples de Paul Kagamé au Rwanda qui vient de faire modifier la constitution de son pays pour pouvoir se présenter à un troisième mandat et même rester au pouvoir jusqu’en 2035 ou encore Denis Sassou Nguesso qui lui aussi a changé la loi fondamentale pour briguer un troisième mandat lui donnent des idées.
S’il n’ose pas suivre les pas de ces deux autocrates assumés c’est qu’il n’a pas les mêmes moyens politiques et militaires. Il n’en pense pas moins cependant d’où le jeu complexe qu’il essaie de mettre en place.
L’U.A pourrait être instrumentalisée à cette fin et le choix d’Edem Kodjo ne semble pas fortuit. Les opposants congolais qui ne sont pas dupes rejettent cette initiative de l’UA et réaffirment leur volonté ferme d’obliger Kabila à respecter la Constitution.
Désaccords et accord de l’opposition
Si les opposants congolais sont aussi divisés leurs homologues des autres pays du continent, ils s’accordent majoritairement sur l’impératif d’organiser le scrutin présidentiel cette année sans la participation du président Kabila écarté par la limitation constitutionnelle des deux mandats.
Un jeu risqué
Il faut craindre que le petit jeu de Joseph Kabila ne finisse par attiser la violence qui continue de brûler la RDC. Le pays est loin d’être stabilisé et l’Etat centralisé ne contrôle pas l’ensemble du territoire.
Dans cette situation, remettre en cause la Constitution, c’est prendre un risque de replonger la RDC dans la guerre civile. M. Kabila dont le père a été victime d’un coup d’Etat sanglant est bien placé pour apprécier ce type enjeu, et donc prendre ses responsabilités.
Le pouvoir,il est vrai,obscurcit la raison. Joseph Kabila est encore jeune et craint certainement l’ennui de la retraite. Mais n’est-il pas mieux de finir ainsi qu’autrement.