Dans un discours solennel à la nation, le président Félix Tshisekedi a dénoncé l’inaction de la communauté internationale face à l’agression que son pays, la RD Congo, subit de la part des rebelles du M23, massivement appuyés par le Rwanda.
Ce conflit connaît un pic, si l’on peut dire, depuis le début de l’année et vient d’entrer dans une nouvelle phase avec la « prise de la ville de Goma ».
Les rebelles du M23, majoritairement de l’ethnie tutsi (ethnie présente au Rwanda, au Burundi et dans d’autres pays des Grands Lacs), se battent contre une milice, celle-là majoritairement hutu, FDLR (Front démocratique pour la libération du Rwanda), qui est soutenue par Kinshasa.
D’ores et déjà, des centaines de personnes ont été forcées de quitter la zone des combats, qui sont d’une rare intensité, provoquant des dizaines de morts (le chiffre de 100 annoncé semble bien en deçà de la réalité).
Avec la chute de Goma, qui est actée selon de nombreux observateurs, et la riposte d’envergure que Tshisekedi a annoncée dans son discours, une escalade est à craindre, qui embraserait une bonne partie de la région des Grands Lacs, où des volcans naturels, comme le Nyiragongo, et sociaux (génocide des Tutsi en 1994) menacent les populations et les États.
Il y a aussi les convoitises féroces sur les richesses minérales fabuleuses dont regorge la RD Congo, immense pays, aussi grand que toute l’Europe de l’Ouest.
C’est pourquoi le discours de Tshisekedi doit être pris au sérieux par l’ONU et tous les acteurs de la communauté internationale, pour d’abord arrêter les combats sanglants et ensuite favoriser un dialogue constructif.
Le président congolais a certainement refusé de se rendre à Nairobi pour participer à un « dialogue » avec le président Kagame, alors que la critique des armes continue de faire rage.
Un dialogue fécond exige, au moins, un cessez-le-feu.
Cependant, le temps presse et le risque d’un embrasement généralisé est une possibilité.
Il y a des rivalités internes à la RD Congo, notamment politiques, qui sont exploitées par de nombreuses puissances étrangères et même de simples marchands et/ou trafiquants d’or, de diamants, etc.
Les vendeurs d’armes sont aussi de la partie.
Avec neuf frontières, la RD Congo est poreuse à tous les vents qui soufflent dans le sens des prédateurs.
Kagame et Tshisekedi ont intérêt à se retrouver et à enterrer la hache de guerre.
Les puissances qui sont leurs alliées conjoncturelles n’ont pas vocation à favoriser la paix. Au contraire !
Elles prospèrent en attisant les conflits qui déciment l’Afrique.
Un panafricanisme bien compris pousserait à désamorcer les bombes politiques fabriquées en Afrique pour contrôler le continent à travers des divisions ethniques et frontalières cultivées à dessein.
Faut-il rappeler que Hutus et Tutsis parlent la même langue et vivent ensemble depuis des siècles ?