Le discours du président Tshisekedi à son peuple et à la communauté internationale semble porter des fruits : l’ONU, le G7 et de nombreux États ont repris la balle au bond pour demander à Kigali de calmer le jeu et d’arrêter son engagement dans le conflit.
Les prises de position fermes des uns et des autres ont abouti à une déclaration de cessez-le-feu unilatérale du M23, en vigueur depuis hier (mardi).
C’est un premier pas positif qui permet aux populations de souffler et de reprendre « une vie normale » à Goma, assez largement occupée par les rebelles, qui ont poussé des centaines de milliers de personnes sur les chemins de l’exil.
L’ONU réclame la réouverture de l’aéroport pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et l’évacuation des blessés graves.
Le nombre de morts est estimé à un peu moins de mille personnes.
L’« activation » de la diplomatie internationale devrait connaître un moment important, avec la rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame ce week-end, en Tanzanie, après le refus du chef de l’État congolais de participer à un premier sommet envisagé à Nairobi.
Si le rendez-vous de Dar es-Salam se passe bien et que les deux dirigeants renouent un dialogue authentique, dans le respect et la volonté sincère de mettre fin à la « critique des armes » destructrice, alors l’espoir sera permis.
Dans l’intérêt bien compris des deux États et des deux peuples.
Continuer la guerre et prolonger ainsi un conflit vieux de plus de trois ans est irresponsable et très dommageable à la paix et au développement de cette zone géographique du continent africain, dont les richesses exceptionnelles, exploitées dans le but d’améliorer les conditions de vie difficiles des populations, devraient booster un saut spectaculaire économique, social, technologique et éducatif qui propulserait tous les États des Grands Lacs dans le XXIᵉ siècle.
Une claire conscience des vrais enjeux favoriserait un vrai déclic politique.
Kagame et Tshisekedi ont le sort de millions de jeunes Africains entre leurs mains, à ce moment historique.
S’ils ne le mesurent pas, ils vont continuer à se battre et à perpétuer la domination post-coloniale qui sévit, de manière indirecte, en Afrique centrale et aussi dans beaucoup de régions africaines et mondiales.
Ce qui se joue en RDC, c’est le destin du continent dans cette fin du premier quart de siècle du XXIᵉ siècle.
Les conflits sanglants qui ravagent la zone des Grands Lacs ne sont pas le fait du hasard. Ils sont attisés par des mains invisibles criminelles qui « actionnent » des complices locaux, comme toujours, sans foi ni loi.
La seule jouissance personnelle du pouvoir ne saurait justifier le sacrifice de millions de citoyens qui vivent déjà dans la misère, en proie à l’insécurité et à une crise sanitaire endémique.
Les groupes rebelles, nombreux, dans plusieurs pays d’Afrique centrale et ailleurs sur le continent, sont souvent manipulés et armés pour déstabiliser des États fragiles, en souffrance de manque de démocratie, où de nombreux facteurs (l’immensité du pays en RDC, entre autres), les richesses minières, aiguisent les appétits de pouvoir.
Le curieux est que les Occidentaux, qui se sont proclamés défenseurs de l’« orthodoxie démocratique », ferment les yeux et s’empressent de féliciter des vainqueurs d’élections manifestement entachées de graves irrégularités.
Et ne s’offusquent même pas lorsqu’un candidat, au pouvoir, exhibe des scores « plus que soviétiques » qui tutoient l’Olympe des 90 à 95 %.