Ancien opposant devenu il y a cinq ans, dans la controverse, président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi cherche le 20 décembre la réélection qui assoirait sa légitimité et son autorité, en devant cette fois défendre un bilan mitigé.
Félix Tshisekedi, 60 ans, mène une campagne pugnace et à gros moyens à travers le pays, en demandant cinq ans de plus pour “consolider les acquis”. Sa victoire en décembre 2018 avait marqué la première transition sans effusion de sang dans l’ex-Zaïre.
Fils de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, décédé l’année précédente, il succédait à Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila.
Dès l’annonce des résultats, l’opposant Martin Fayulu, revendiquant la victoire, l’accusait de “putsch électoral” en complicité avec Joseph Kabila, tandis que le ministre français des Affaires étrangères d’alors évoquait un “compromis à l’africaine”. Ces rappels agacent Félix Tshisekedi, qui dément tout “arrangement frauduleux” avec son prédécesseur.
Au début de son mandat, un accord de coalition le liait à Joseph Kabila. Au bout de deux ans, il le faisait voler en éclats et s’affirmait seul chef à bord. Une fois au pouvoir, il soigne son image à l’étranger où il multiplie les déplacements, en rupture avec l’isolationnisme de son prédécesseur.
“Le peuple d’abord” étant la devise de son parti, il promet d’améliorer la vie des Congolais qui, malgré les immenses richesses géologiques du pays, vivent en majorité sous le seuil de pauvreté. Il s’engage aussi à tout faire pour ramener la paix dans l’Est, en proie aux violences de multiples groupes armés depuis le milieu des années 1990.
Il assure également vouloir lutter contre la corruption et les “anti-valeurs”. De manière très spectaculaire, son allié et directeur de cabinet Vital Kamerhe est arrêté en 2020 et condamné pour détournement de fonds. Deux ans plus tard, sa condamnation est annulée et, en 2023, Félix Tshisekedi le nomme ministre de l’Économie.
Pour beaucoup d’observateurs, cette nomination était une manière de s’assurer qu’il ne serait pas candidat à la prochaine présidentielle, tout comme l’ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, autre poids-lourd de la politique congolaise, nommé à la Défense. Après cinq ans, le pouvoir revendique des réalisations sociales comme la gratuité de l’enseignement primaire et met en avant de bons résultats macro-économiques.