Le ministre de la Justice a été brièvement arrêté samedi en République démocratique du Congo, en pleine crise politique qui déchire la coalition au pouvoir et suscite de violentes manifestations de rues.

L’arrestation du ministre de la Justice est intervenue au lendemain d’un incident en Conseil des ministres, nouvel accroc dans la coalition au pouvoir en RDC. Le garde des Sceaux, Célestin Tunda Ya Kasende, a été libéré après avoir été entendu pendant quelques heures au Parquet général. « Aucune charge n’a été retenue. Le procureur lui-même a constaté que le dossier était vide. C’était une tracasserie inutile », a affirmé un soutien politique du ministre, François Nzekuye, cité par l’AFP.

La coalition au pouvoir regroupe les forces politiques du président Félix Tshisekedi, vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, et celles de son prédécesseur Joseph Kabila, toujours majoritaires au Parlement. Le ministre de la Justice arrêté est membre du Front commun pour le Congo (FCC, pro-Kabila), comme le Premier ministre et la majorité des 66 ministres.

Vendredi en Conseil des ministres, le ministre aurait provoqué, selon l’AFP, la colère du président Tshisekedi, au sujet de trois propositions de loi concernant le statut des magistrats, selon des sources ministérielles. Portés par deux députés du FCC, ces textes braquent l’UDPS, le parti de Tshisekedi.

Les trois propositions de loi de la discorde portent sur le « statut des magistrats » et « l’organisation, le fonctionnement et les compétences des juridictions de l’ordre judiciaire ».

Le président Tshisekedi a été furieux d’apprendre que son ministre de la Justice avait transmis au Parlement les observations du gouvernement sur ces trois propositions de loi, sans consulter ni le président ni l’exécutif.

Le Conseil des ministres a appris que « l’Assemblée nationale était déjà en possession des observations du gouvernement à l’initiative personnelle » du ministre de la Justice, selon le compte-rendu du Conseil. Le président de la République aurait même claqué la porte du Conseil. La présidence dément cette version des faits, indiquant que Tshisekedi devait participer à une visioconférence avec d’autres chefs d’État africains.

L’arrestation du ministre de la Justice a galvanisé samedi les partisans de Joseph Kabila, qui sont venus devant le parquet en signe de soutien à leur collègue. La sœur jumelle de Kabila, Jaynet, a été aperçue au milieu des sympathisants et des cadres du FCC.

L’arrestation du ministre de la Justice parachève une semaine de tensions. Mardi et mercredi, ce sont des partisans du président de la République Félix Tshisekedi qui ont manifesté contre les trois propositions de loi autour du Parlement. Des manifestants ont attaqué des résidences de proches de l’ancien président Kabila. La police a fait état mercredi de 40 interpellations et 18 blessés, dont 15 policiers.