Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra


A trois jours du second tour des législatives, la Centrafrique retient à nouveau son souffle. Pour le 1er tour et la présidentielle fin décembre, un électeur sur trois seulement a pu voter dans ce pays en guerre civile depuis huit ans.

Au total, 140 sièges de députés sont à pourvoir. Le Mouvement cœurs unis du (MCU) du président Touadéra devrait en toute logique conserver la majorité face à une opposition divisée et dont une frange est accusée de complaisance à l’égard d’une rébellion impopulaire dans un pays lassé par les violences.

Le principal enjeu réside dans le sort de plusieurs poids-lourds du camp Touadéra qui n’ont pu être élus dans des circonscriptions ou le scrutin a été empêché ou annulé. Mais, pour que la nouvelle Assemblée nationale soit légalement constituée, la Cour constitutionnelle a imposé qu’au moins 71 députés soient élus avant le 2 mai. Or, seuls 22 l’ont été au premier tour et seulement 49 circonscriptions sont en ballottage pour le second.

Dans les 69 autres, où le vote a été empêché ou annulé pour des irrégularités par la Cour constitutionnelle, un premier tour sera réorganisé dimanche, puis un éventuel second ultérieurement.

Les rebelles restent une menace sérieuse

Dans les premiers jours de son offensive mi-décembre, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), réunissant les plus puissants des groupes armés se disputant les ressources du pays, s’était emparée de la majorité des villes du nord-ouest et avait progressé jusqu’à une centaine de kilomètres de la capitale.

Depuis une attaque sur Bangui repoussée le 12 janvier, les rebelles sont en net repli. Une contre-offensive a permis aux forces progouvernementales de reprendre la plupart des villes. Mais les groupes armés, repliés dans les campagnes et le long des grands axes routiers, restent une menace sérieuse.

Or, « le véritable enjeu, c’est le contrôle des campagnes », estime Roland Marchal, chercheur au Centre de Recherches internationales de Sciences Po à Paris, cité par l’AFP. « Et personne n’a les capacités ou la volonté de mener des opérations soutenues dans les zones rurales. Les Russes et les Rwandais ne sont pas assez nombreux, ils libèrent des centres-villes, la plupart du temps sans combat, mais cela n’affaiblit pas fondamentalement les groupes armés », estime l’expert.