Le deuxième tour de la présidentielle centrafricaine opposera le 31 janvier prochain les deux anciens premiers ministres : Anicet-Georges Dologuélé et Faustin Touadéra. Si le premier était considéré comme l’un des favoris du scrutin, le second a crée la surprise.

Finalistes par défaut

Mais avec le retrait de nombre de candidats potentiels qui ont critiqué les conditions d’organisation de la présidentielle, ces deux finalistes le sont par défaut. Et c’est ce qui suscite bien des inquiètudes quant à l’avenir du pays.

Les scores relativement bas de MM. Dologuélé – environ 24 % – et Touadéra – un peu moins de 20 % – démontrent qu’ils sont loin de représenter la majorité de la population.
Dès lors, le second tour sera celui des alliances décisives. Celui des deux qui réussira à nouer des relations de confiance avec les leaders que sont François Bozizé, Sylvain Patassé, Michel Djotodia etc. devrait s’imposer.

Le problème sera la gestion de l’après élection car le résultat mathématique seul ne pourra réconcilier les Centrafricains en proie à des divisions profondes arrosées de sang et de haine.

Le candidat idéal aurait été un homme charismatique capable de susciter l’enthousiasme du plus grand nombre.
Anicet-Georges Dologuélé, qui est en tête, manque de ce charisme. Néanmoins, il pourrait transformer ce handicap en atout auprès des grands leaders empêchés, et obtenir d’eux une certaine bienveillance.

Pas sans les communautés internationale et régionale

Toutefois seul un engagement conséquent de la communauté internationale permettra la stabilisation de la situation dans le pays avec la participation sincère des dirigeants des autres Etats de la sous-région.
Tout est urgence en Centrafrique : la lutte contre la pauvreté endémique, la fracture confessionnelle que la visite récente du Pape François a mis en exergue et peut-être permis de prendre en compte, le délitement de l’Etat, l’insécurité, le terrorisme…
Le pays est à vau-l’eau. Il est un défi pour toute l’Afrique centrale et pour tout le continent et la communauté internationale dans son ensemble. Le risque de somatisation induit fait craindre le pire et pourrait gangréner toute la région.

La classe politique irresponsable et le peu d’intérêt manifesté envers ce pays par le reste du monde pendant longtemps ont favorisé le développement d’une situation délétère.
Aujourd’hui, l’objectivité commande de dire que les conditions pour l’organisation d’une élection crédible ne sont pas réunies.
Le problème est que la transition ne peut durer éternellement. C’est pourquoi il a été décidé de prendre le taureau par les cornes en donnant la parole aux citoyens-électeurs.

Vers le défi de l’union nationale

Le président élu sera au moins légitime pour parler au nom du peuple centrafricain.
Cela est compréhensible mais ce scrutin, s’il va jusqu’au bout, ne sera qu’une étape. La seconde sera de relever le défi de l’unité nationale.