Il y a un peu plus d’un an, le 5 juin 2017 que l’Arabie Saoudite, l’Égypte, le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis mettaient un terme à leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Mesure assortie de fermeture des frontières terrestres et maritimes, interdiction de survol et des restrictions sur le déplacement des personnes. Motif principal d’une décision que d’aucuns jugeaient assez sévères à l’encontre d’un pays membre du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) : “Soutien au terrorisme”. Ce qui paraissait, à première vue, une simple accusation pour bon nombres de pays africains, est en train de se vérifier notamment dans les relations entre le Sénégal et le Qatar.
Depuis juin 2017, le Qatar est au banc des accusés. Nonobstant les avertissements unanimes des pays amis, le Sénégal a pourtant préféré maintenir ses relations diplomatiques avec ce pays du Golfe, considéré par ses voisins directs, comme le nid du terrorisme international.
Plus grave, le Sénégal est choisi comme première étape d’une tournée africaine de l’Émir du Qatar Tamim Ben Hamad. Tournée, débutée au Sénégal le mercredi 20 décembre 2017, avant de se rendre au Mali, au Burkina Faso, à la Guinée, en Côte d’Ivoire, et au Ghana.
Curieusement, Karim Wade, l’un des plus farouches opposants au régime du Président Macky Sall, est non seulement abrité par le Qatar, mais il y jouit d’une liberté d’action politique non conforme aux us et coutumes diplomatiques, en vigueur dans le monde. Pire, M. Wade s’adresse, à partir de Doha, à ses militants du Sénégal et ne rate aucune occasion pour se prononcer via des communiqués très critiques à l’endroit du Président Sall, portant son nom et sa signature !
Pire, un autre prétendant à la présidentielle de 2019, en l’occurrence M. Ousmane Sonko, un salafiste taxé publiquement d’être en accointance avec les groupes terroristes, vient de révéler au grand jour, lors d’une conférence de presse, tenue à Dakar, le 16 octobre 2018 (dont Afrique Confidentielle détient une copie de la vidéo) : ” Le Pouvoir n’a encore rien vu. Je vous apprends que je me rendrai bientôt à Doha pour m’entretenir avec Me Abdoulaye Wade, sur une possible alliance pour la présidentielle du 24 février 2019 “… N’est-il pas suffisant pour que le Sénégal ne rappelle son ambassadeur à Doha, comme première étape vers la rupture définitive des relations diplomatiques ?
En dépit de toutes les facilités accordées par les États africains à ce pays du Golfe, le Qatar cherche insidieusement à mettre sur pied des réseaux souterrains (Associations d’amitié bilatérales, etc.) pour installer des bases dont on doute fort qu’elles soient liées à des activités terroristes. Pour ne pas être plus royalistes que le roi, les pays africains, à l’instar de la plupart des pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, doivent se méfier d’un État qui met ses ressources gazières à la disposition des réseaux terroristes dont l’Afrique souffre terriblement.
Aujourd’hui, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Cameroun, etc., font face quotidiennement à des groupes terroristes, financés et entretenus en dehors du continent noir. Pourtant, seuls l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont encore accepté de contribuer, de manière conséquente, au financement du G-5 Sahel hormis les pays occidentaux et les organisations internationales et régionales. Quant au richissime Qatar, il a préféré miser sur d’autres cibles pour ses (généreux) financements et appuis logistiques.
De sources dignes de foi, l’on apprend que le Sénégal a convoqué l’ambassadeur du Qatar à Dakar pour taper sur la table. Mais, est-ce suffisant pour mettre fin à des velléités de déstabilisation du continent, prises en charge par des réseaux terroristes qui se déguisent par fois, en partis politiques ?