A Kampala, capitale de l’Ouganda majoritairement hostile au président Yoweri Museveni, ses opposants n’osent pas manifester pour contester sa réélection, déboussolés par l’assignation à résidence de leur candidat Bobi Wine.

Depuis que le candidat aux présidentielles Bobi Wine, ancien chanteur de ragga, a rejeté les résultats et qualifié l’élection de « mascarade », sa maison est encerclée par les forces de l’ordre et ses partisans semblent paralysés, selon l’AFP.

A Kampala, la population a largement voté pour Bobi Wine et son parti, la Plateforme d’unité nationale (NUP). A 38 ans, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, s’est imposé comme le principal espoir d’alternance en Ouganda, face à l’inamovible président Museveni, qui vient d’obtenir à 76 ans un sixième mandat avec 58,6% des voix.

Si le jeune député a appelé ses partisans à rejeter la réélection de l’ex-guérillero, au pouvoir depuis 35 ans, il ne leur a pas demandé de manifester. Son parti promet d’employer tous les moyens légaux pour faire annuler le scrutin.

Maintes fois arrêté depuis 2018, Wine n’a pas quitté son domicile depuis l’élection. Les policiers et militaires qui l’encerclent stoppent tous ceux qui souhaitent lui rendre visite, y compris l’ambassadrice des Etats-Unis.

Un régime inamovible au pouvoir

Le gouvernement réfute lui toute tentative de museler l’opposant, et explique vouloir assurer sa « nécessaire protection ». « Huit jours après l’élection, je suis toujours assigné à résidence pour avoir défié et vaincu le général Museveni lors d’une élection qu’il a définitivement truquée ! », a tweeté jeudi l’ex-popstar, en assurant que l’Ouganda finira par « être libre ».

S’appuyant sur son parti hégémonique, le Mouvement de résistance nationale (NRM), qui a modifié deux fois la Constitution pour lui permettre de se représenter, M. Museveni a toujours déjoué la contestation.

Lors des quatre élections précédentes, l’ancien leader de l’opposition Kizza Besigye n’a jamais réussi à le détrôner. En 2011, les grandes manifestations contre la hausse des prix de la nourriture et de l’essence ne l’ont pas non plus déstabilisé.

Le président autoritaire dispose d’un appareil sécuritaire dévoué, qui n’hésite pas à tirer à balles réelles. En novembre, 54 personnes ont été tuées par la police lors de manifestations de protestation contre une énième arrestation de Wine.